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"Mario Draghi est-il italien ?". À la une du Corriere della Sera, la provocation indique bien la singularité du Transalpin qui, selon toute probabilité, succédera à Jean-Claude Trichet à la tête de la BCE. Jalousement discret sur sa vie privée - à peine sait-on qu'il est marié et père de deux enfants -, ennemi des mondanités, d'un sang-froid prussien y compris au coeur des tempêtes monétaires, davantage homme de dossiers qu'orateur, ardent défenseur du respect des règles, "Super Mario" est à 63 ans le contraire de l'archétype de ses concitoyens, une sorte d'anti-Berlusconi.
Fils d'un fonctionnaire de la Banque d'Italie et d'une mère chimiste, Mario Draghi fut éduqué à Rome à la dure discipline des écoles jésuites. À la mort précoce de ses parents, il est élevé par une de ses tantes. Brillant étudiant de l'université la Sapienza, il est le premier Italien à décrocher un master au prestigieux MIT, où il devient élève du Prix Nobel d'économie Franco Modigliani. Professeur dans de nombreuses universités, il représente l'Italie à la Banque mondiale de 1984 à 1990, puis devient directeur général du Trésor italien de 1991 à 2001 sous neuf gouvernements successifs, de gauche comme de droite.
Libéral, mais attentif aux règles
Libéral mais attentif aux règles, défenseur de la stabilité financière mais capable de pragmatisme, Mario Draghi est politiquement inclassable. Et son nom fut plusieurs fois évoqué comme possible président du conseil d'un "gouvernement technique" dans l'hypothèse d'une chute de l'exécutif Berlusconi. De 2002 à 2005, sa carrière de grand commis de l'État s'arrête momentanément avec la nomination à la vice-présidence de la banque d'affaire Goldman Sachs. Une parenthèse qui lui est aujourd'hui reprochée à la lumière du rôle joué par la banque américaine dans la couverture de la dérive des finances grecques. Mario Draghi a-t-il participé au maquillage des comptes d'Athènes ? Il s'en défend avec véhémence, revendiquant de n'avoir à cette époque travaillé qu'avec la clientèle privée de Goldman Sachs.
En 2006, Draghi devient un personnage public transalpin de premier plan en prenant la direction de la Banque centrale d'Italie. L'institut financier est en pleine crise après l'inculpation du précédent gouverneur, Antonio Fazio, accusé d'avoir abusé de sa fonction au bénéfice de certaines banques privées. Draghi impose immédiatement son style et son éthique en limitant la durée du mandat de gouverneur qui était jusque-là à vie et en plaçant son portefeuille boursier dans un "blind trust".
Stature internationale
Sa méfiance à l'égard des produits financiers toxiques et la rigueur qu'il a su imposer aux comptes italiens a certainement évité au système banquier national de payer un lourd tribut à la crise financière. C'est au cours de ces années qu'il acquiert le surnom de "Super Mario". Et le rôle de président du Conseil de stabilité financière, l'institut du G20 chargé d'éviter une nouvelle crise financière, lui permet d'acquérir une stature internationale.
Le nom de Mario Draghi circulait depuis des mois comme possible gouverneur de la BCE, mais de nombreux analystes avaient peine à imaginer l'Allemagne confiant les clefs de la monnaie unique au représentant d'un pays dont la dette publique dépasse 121 % du PIB en 2011. Mais pour les Italiens, le choix ne fait aucun doute : "Super Mario est simplement le meilleur."
Il se murmure dans les milieux autorisés que si les bourses ont flanché vendredi 13 mai alors que toutes les statistiques macro économiques étaient positives (PIB allemand, français et stats US) cela serait du à une note de Goldman Sachs déclarant ce même vendredi que les marchés boursiers américains, européens et japonais seraient arrivés à un plafond en terme de valorisation ce qui aurait visiblement déclenché des ordres d'achats suffisamment (trading algorithmique aidant) conséquents pour faire plier la tendance initiale positive.
Bref, comme d'habitude les GS boys font toujours la pluie et le beau temps et retournent les marchés actions ou matières 1eres à leur convenance et au gré de leur humeurs du moment.
Quand à Mario Draghi probable successeur de JC Trichet à la BCE il lave plus blanc que blanc puisqu'il est de notoriété publique que GS à aider à maquiller les comptes publiques d'Athènes pour faire croire qu'elle respectait les critères de solvabilité en terme de déficit des comptes publics, puis en a profité au moment opportun pour jouer le scénario d'insolvabilité du pays via l'achat massif de contrat CDS (Credit Default Swap) alors que ce produit financier est initialement utilisé à des fins d'assurance dommage pour les détenteurs de titres de dettes publiques ou privées et que GS vu sa connaissance du dossier grec ne devait détenir que très très peu de dettes grecques dans ses portefeuilles.
Bref, on peut encore et toujours s'étonner à l'image du document 'inside job' que certains passent entre les mailles du filet de la justice et d'autre pas...
L'approbation par les dirigeants européens de Mario Draghi a la tête de la BCE est une faute politique gravissime dont les Européens ne tarderont pas a voir les conséquences. Draghi, ancien dirigeant de Goldman Sachs, aura des comptes a rendre sur le comportement amoral et cynique de cette banque, au cœur de tous les scandales financiers de ces dernières années, sans oublier les dissimulations frauduleuses des comptes publics grecs. La position de la BCE en sera d'autant affaiblie au moment ou elle devra affronter une situation mondiale chaotique face a l'effondrement attendu du dollar. Cette nomination si elle est confirmée en juin sera une preuve de plus de l'abdication de la souveraineté étatique devant la puissance de la finance internationale qui, après avoir ruine l’économie mondiale, a plonge les finances publiques dans des abysses dont les Etats auront le plus grand mal à sortir, à commencer par les Etats-Unis dont la faillite éclatera bientôt à la face du monde.
Incroyable choix ! On va en arriver à regretter le bon vieux Trichet Qui l'eût cru ?