Lorsque vous décidez de sanctionner un salarié en raison d'une faute qu'il aurait commise, vous devez préalablement analyser les faits que vous lui reprochez, afin de lui apporter la réponse disciplinaire la plus juste.
Votre pouvoir de direction vous octroie la liberté de choisir la sanction disciplinaire, à condition qu'elle soit adéquat. Vous êtes en effet lié par un principe majeur en matière disciplinaire, qui est celui de la proportionnalité de la sanction à la faute commise (1). Sauf à vous exposer à une condamnation par les juges, vous devez donc veiller à adapter votre sanction à la gravite de la faute.
La faute grave est celle d'une gravité telle qu'elle rend impossible le maintien du salarié dans l'entreprise, y compris pendant le préavis. La faute lourde, quant à elle, caractérise, en plus de ce critère de gravite, l'intention de nuire du salarié.
Qualifier la faute de lourde suppose que vous puissiez prouver que le salarié a eu l'intention de nuire à l'entreprise (2). Or, cet élément intentionnel est difficile à démontrer.
Le fait pour un salarié, d'être régulièrement en retard ou de refuser de se conformer aux horaires de travail en vigueur dans l'entreprise constitue un manquement à ses obligations de ponctualité et d'assiduité telles que résultant de son engagement à une exécution de bonne foi de son contrat de travail (3). Un tel comportement peut tantôt constituer une cause réelle et sérieuse de licenciement, tantôt une faute grave, voire une faute lourde.
Afin de savoir si vous devez retenir l'une ou l'autre de ces qualifications, vous devez procéder à une analyse précise des faits.
A titre d'exemple, constitue ainsi :
- une cause réelle et sérieuse de licenciement le fait pour un salarié de persister à ne pas respecter l'horaire collectif de travail en dépit des avertissements prononcés (4) ;
- une faute grave le fait pour un salarié d'arriver de nombreuses fois en retard et de ne pas justifier ce comportement, désorganisant le fonctionnement de l'entreprise (5) ;
- une faute lourde le fait pour un cadre de couvrir et encourager les retards répétés de sa secrétaire en "pointant" à sa place (6).
Attention néanmoins : Depuis le 2 mars 2016, le licenciement pour faute lourde ne prive plus le salarié de l'indemnité compensatrice de congés payés qu'il a acquis et dont il n'a pas bénéficié pour la période de référence en cours (7). Cette privation d'indemnité constituait la distinction majeure entre les conséquences d'une faute grave et d'une faute lourde. Dès lors, il apparaît judicieux de ne pas licencier pour faute lourde, mais simplement pour faute grave, si vous ne pouvez démontrer la réalité de l'intention de nuire, afin d'éviter le risque d'une requalification en licenciement sans cause réelle et sérieuse. Retenir la faute grave ou la faute lourde produit aujourd'hui les mêmes conséquences.
Malgré que je sois maintenant en retraite, j'utilise toujours juritravail, et j'en suis toujours très satisfait