Garantie légale de conformité : définition et champ d'application

💡 La garantie légale de conformité, aujourd’hui codifiée aux articles L217-3 à L217-20 du Code de la consommation, constitue l’un des piliers de la protection du consommateur. Issue d’une volonté d’uniformisation européenne, elle assure que le bien livré par un professionnel corresponde bien aux qualités annoncées, aux attentes légitimes de l’acheteur et à l’usage normalement attendu d’un bien du même type. Cette garantie s’applique à tous les biens meubles corporels, y compris les véhicules d’occasion, les appareils électroniques, les meubles, et s’étend même aux contenus et services numériques depuis la réforme de 2021.

Défaut de conformité : critères d'appréciation et preuve à rapporter

L’article L217-3 impose au vendeur professionnel de délivrer un bien conforme « au contrat » et « propre à l’usage habituellement attendu d’un bien de même type ».
Cette formulation intègre deux exigences :

  • une conformité subjective, basée sur les caractéristiques promises ou convenues (annonces, descriptifs, fonctionnalités spécifiées) ; 
  • et une conformité objective, appréciée au regard de l’usage normal du bien. Un bien peut donc être non conforme même s’il correspond techniquement à la description, dès lors qu’il ne remplit pas les fonctions que tout acheteur peut légitimement en attendre.

Présomption d'antériorité du défaut : ce que change la réforme de 2022

La réforme, entrée en vigueur le 1ᵉʳ janvier 2022, a renforcé la protection du consommateur en étendant significativement le champ de la présomption d’antériorité.

📌 Désormais, tout défaut apparaissant dans un délai de 12 mois à compter de la délivrance est présumé exister au jour de celle-ci, même pour les biens d’occasion. Cette règle, posée par l’article L217-7, inverse radicalement la charge de la preuve : ce n’est plus à l’acheteur de démontrer que le défaut existait lors de la vente, mais au vendeur de renverser cette présomption. La Cour de cassation l’a rappelé dans un arrêt du 9 mai 2019, précisant qu’un « défaut révélé dans le délai légal est présumé exister au moment de la délivrance », sous réserve d’une preuve contraire rapportée par le professionnel.

⚠ Pour autant, la présomption ne dispense jamais l’acheteur de rapporter la preuve d’un véritable défaut de conformité. L’allégation d’un dysfonctionnement, d’un bruit, d’un voyant ou d’une impression subjective ne suffit pas : encore faut-il établir que ce phénomène constitue un écart par rapport aux qualités promises ou une impropriété à l’usage. Dans de nombreux contentieux, notamment automobiles, les juridictions exigent que l’acheteur produise un diagnostic précis, une expertise, ou au moins un élément technique objectif permettant de caractériser le défaut. À défaut, la garantie de conformité ne peut être engagée.

Garanties légales de conformité et vices cachés : quelles différences ?

Lorsque la non-conformité est établie, les textes imposent une gradation stricte des remèdes :

  • le consommateur doit demander, en premier lieu, la réparation ou le remplacement du bien ; 
  • ce n’est qu’en cas d’impossibilité, de refus ou de disproportion manifeste que l’acheteur peut solliciter soit la réduction du prix, soit la résolution du contrat.

📌 Cette hiérarchie est essentielle : la résolution ne constitue jamais un remède automatique. Le vendeur peut toujours proposer une réparation adéquate, et l’acheteur doit s’y prêter de bonne foi.

Le régime de conformité se distingue ainsi profondément de la garantie des vices cachés. 
Cette dernière suppose la preuve d’un défaut antérieur, caché et grave, tandis que la conformité vise la correspondance du bien livré avec ce qui a été convenu. Le consommateur peut choisir entre les 2 régimes, mais il ne peut en tirer cumulativement des avantages contradictoires. Les juges rappellent régulièrement que la conformité ne garantit pas l’absence d’usure normale, notamment pour les biens d’occasion : seules les anomalies véritablement incompatibles avec l’usage habituel peuvent être retenues.

La portée pratique de la garantie légale de conformité est considérable. Elle protège efficacement l’acheteur contre les biens présentant des défauts réels, tout en évitant de transformer le vendeur en garant absolu contre tout aléa d’usage. La jurisprudence continue de préciser les contours de cette garantie, mais une constante demeure : la nécessité, pour l’acheteur comme pour le vendeur, de fonder leurs prétentions sur des éléments techniques objectifs, seule manière de qualifier un défaut de conformité au sens des textes.

Références :

(1) Articles L217-3 à L217-20 du Code de la consommation