Qu'est-ce qu'une mutation ?
La mutation est le fait pour le salarié de changer de poste de travail et/ou de lieu de travail.
Elle peut en effet impliquer un changement de poste sans forcément changer de lieu de travail.
À l'inverse, elle peut impliquer un changement de lieu de travail (mutation géographique) tout en conservant le même poste.
Mais une mutation peut aussi impliquer à la fois un changement de poste et de lieu de travail.
Il existe différents types de mutation, notamment :
- la mutation professionnelle ;
- la mutation disciplinaire.
L'employeur peut être à l'initiative d'une mutation mais le salarié peut également en faire la demande auprès de son employeur.
Quelles différences entre mutation disciplinaire et mutation professionnelle ?
Définition de la mutation disciplinaire
La mutation peut avoir un caractère disciplinaire lorsqu'elle est fondée sur une faute commise par le salarié (1).
La mutation qui n'affecte pas la situation du salarié dans l'entreprise, sa fonction, sa carrière ou sa rémunération n'a pas le caractère de sanction disciplinaire (2).
Cass. Soc, 13 juin 2007, n°06-41368
La mutation disciplinaire est une sanction disciplinaire lourde qui peut être prononcée par votre employeur lorsque celui-ci souhaite vous sanctionner en raison d'une faute que vous avez commise.
Votre employeur doit alors respecter la procédure disciplinaire légale.
Définition de la mutation professionnelle
La mutation professionnelle peut être proposée par votre employeur dans différentes situations, notamment :
- votre employeur est satisfait du travail que vous accomplissez et pour vous montrer sa reconnaissance, il vous propose une promotion : on parle alors d'une "mutation promotion" ;
- votre employeur rencontre des difficultés économiques et envisage une restructuration de l'entreprise ou une délocalisation de celle-ci ;
- votre employeur a besoin de vos compétences dans un établissement différent.
Vous avez également la possibilité de demander une mutation professionnelle à votre employeur, notamment lorsque vous souhaitez faire évoluer votre carrière (obtenir un poste plus intéressant, une rémunération plus attractive…).
Mais vous pouvez aussi demander une mutation professionnelle pour des raisons personnelles telles que :
- un rapprochement familial ;
- un rapprochement de votre domicile ;
- en raison de la scolarisation d'un enfant handicapé dans un établissement spécialisé.
Comment faire une demande de mutation ?
Nous vous recommandons de transmettre votre demande de mutation à votre employeur par lettre recommandée avec accusé de réception ou de lui remettre en main propre contre décharge.
Pensez à préciser dans votre demande de mutation, les informations suivantes :
- l'intitulé du poste sur lequel vous souhaitez être muté ;
- le lieu d'exercice du poste sur lequel vous souhaitez être muté ;
- les raisons pour lesquelles vous demandez votre mutation.
L'employeur peut-il refuser une demande de mutation ?
Votre employeur est en droit de refuser votre demande de mutation.
Néanmoins, son refus doit être justifié par des raisons objectives (3).
Le salarié peut-il refuser une mutation proposée par l'employeur et quelles conséquences ?
Lorsque votre employeur vous propose une mutation, la première chose à vérifier est la présence ou non d'une clause de mobilité dans votre contrat de travail (ou dans votre convention collective).
La présence d'une telle clause dans votre contrat, conditionnera votre droit de refuser ou non la mutation proposée par votre employeur et les conséquences qui peuvent découler de votre refus
Bon à savoir : Une clause de mobilité est une clause contractuelle par laquelle le salarié accepte à l'avance que son lieu de travail puisse être modifié en cours de contrat. Elle définit alors précisément la zone géographique dans laquelle peut avoir lieu la mutation. |
Le refus d'une mutation professionnelle est-il possible ?
En l'absence de clause de mobilité
En l'absence de clause de mobilité, la mention du lieu de travail dans le contrat de travail a simplement valeur d'information.
Votre employeur est donc tout à fait libre de vous proposer une mutation.
Néanmoins, selon que la mutation intervient dans le même secteur géographique ou non, elle s'impose à vous :
- si la mutation intervient dans le même secteur géographique : elle n'entraîne pas la modification de votre contrat de travail. Il s'agit d'un simple changement de vos conditions de travail. Elle s'impose à vous, vous ne pouvez pas la refuser. Tout refus constitue alors un motif réel et sérieux de licenciement (4) ;
- la mutation intervient dans un secteur géographique différent : elle entraîne une modification de votre contrat de travail et votre employeur doit obtenir votre accord avant de vous muter. En cas de refus de votre part, tout licenciement prononcé est sans cause réelle et sérieuse. Vous êtes alors en droit de contester le licenciement devant le Conseil de prud'hommes afin d'obtenir des dommages et intérêts pour licenciement abusif.
Bon à savoir : Il arrive que la mention du lieu de travail dans le contrat s'accompagne d'une clause claire et précise stipulant que le salarié exécutera son travail exclusivement dans ce lieu. Dès lors, toute mutation ultérieure nécessite votre accord, peu important qu'elle ait lieu dans le même secteur géographique ou dans un secteur différent. |
En présence d'une clause de mobilité
En principe, la mutation d'un salarié en application d'une clause de mobilité ne constitue pas une modification du contrat de travail, peu important que le nouveau lieu de travail soit éloigné du précédent, mais un simple changement des conditions de travail du salarié décidé par l'employeur dans l'exercice de son pouvoir de direction (5).
Ainsi, en présence d'une clause de mobilité, la mutation s'impose donc à vous dès lors qu'elle est conforme aux stipulations de ladite clause.
Le refus par le salarié, dont le contrat de travail contient une clause de mobilité, de la modification de son lieu de travail, constitue en principe un manquement à ses obligations contractuelles pouvant justifier un licenciement pour cause réelle et sérieuse mais ne caractérise pas à lui seul une faute grave (6).
Votre refus pourra, dans certains cas, justifier un licenciement une faute grave s'il constitue une faute d'une telle gravité qu'elle empêche votre maintien dans l'entreprise (7).
📌 Exemple :
Est justifié le licenciement pour faute grave d'un salarié qui refuse, en violation de la clause de mobilité prévue à son contrat et malgré plusieurs lettres de mise en demeure, de rejoindre successivement deux nouvelles affectations (8).
Bon à savoir : Néanmoins, dans certains cas, la mutation est soumise à l'accord du salarié. C'est notamment les cas :
|
Le refus d'une mutation disciplinaire est-il possible ?
En présence d'une clause de mobilité
Lorsqu'une mutation disciplinaire est prononcée conformément à la clause de mobilité présente dans votre contrat de travail, celle-ci doit être envisagée comme un simple changement des conditions de travail (13).
Ainsi, lorsque votre contrat de travail contient une clause de mobilité, la mutation disciplinaire prononcée par votre employeur s'impose à vous. Vous ne pouvez pas la refuser.
En effet, dans ce cas, la mise en oeuvre d'une clause de mobilité n'entraîne pas de modification du contrat de travail. En conséquence, même si elle a le caractère d'une mesure disciplinaire, la mutation d'un salarié ne constitue pas un abus dès lors que l'employeur peut invoquer une faute de celui-ci (14).
En l'absence d'une clause de mobilité
Par contre, en l'absence de clause de mobilité, la mutation disciplinaire peut entraîner la modification du contrat de travail, notamment en cas de mutation dans un secteur géographique différent. Votre employeur doit alors obtenir votre accord express pour prononcer une telle sanction.
Une modification du contrat de travail, y compris à titre disciplinaire, ne peut être imposée au salarié.
Cette dernière ne peut vous être imposée, vous êtes en droit de la refuser.
👓 Vous aimerez aussi cet article : C'est votre droit de refuser une mutation disciplinaire
Néanmoins, si vous refusez la mutation disciplinaire prononcée par votre employeur, celui-ci est en droit de prononcer une autre sanction, en lieu et place de la sanction refusée, telle qu'un licenciement (15).
À retenir : Pour la mutation professionnelle
Pour la mutation disciplinaire
|
Références :
(1) Cass. Soc, 11 juillet 2001, n°99-41574
(2) Cass. Soc, 13 juin 2007, n°06-41368
(3) CA Paris, pôle 6, 10e ch., 12 février 2013, n°11/01205
(4) Cass. Soc, 15 mars 2006, n°04-42073
(5) Cass. Soc, 10 décembre 2014, n°13-23790
(6) Cass. soc, 5 mai 2010, n°08-44593
(7) Cass. Soc, 24 janvier 2018, n°16-25747
(8) Cass. soc., 12 janv. 2016, n°14-23290
(9) Cass. Soc, 12 janvier 1999, n°96-40755
(10) Cass. Soc, 10 janvier 2017, n°14-26186
(11) Cass. Soc, 15 février 2006, n°04-45584 et Cass. Soc, 16 septembre 2009, n°08-42529
(12) Cass. Soc, 29 janvier 2014, n°12-27724
(13) Cass. Soc, 5 décembre 2012, n°11-21365
(14) Cass. Soc, 11 juillet 2001, n°99-41574
(15) Cass. Soc, 2 mars 2010, n°08-44902
Commenter cet article
Pour commenter cet actualité, veuillez vous connecter.
Les informations recueillies sur ce formulaire sont destinées à Juritravail aux fins de traitement de votre demande et la réception d'information juridique par email. Elles font l’objet d’un traitement informatique destiné au service marketing de Juritravail.
Pour connaître et exercer vos droits, notamment de retrait de consentement à l'utilisation de vos Données, veuillez consulter notre Charte de protection des Données Personnelles et nous contacter à l'adresse suivante : [email protected].