Vous vous ennuyez au travail ? Peut-être êtes-vous victime de bore-out ! Bore-out signifie littéralement '"surplus d'ennui". Le bore-out peut avoir des conséquences néfastes sur la santé mentale et physique.

Définition : qu'est-ce que le bore-out ? Quelles sont les différences entre burn-out bore-out et brown-out ?

Les salariés confrontés au vide de leur activité se sentent déqualifiés. Ils ne peuvent pas exercer leurs compétences, ni les entretenir et encore moins les développer. Ils ont le sentiment de rétrograder, de rétrécir. Le travail n'a plus de sens.

Dominique LHUILIER, professeure en psychologie du travail au CNAM

Le bore-out est le processus inverse du burn-out (surmenage professionnel, surcharge de travail) mais les conséquences sur la santé peuvent être les mêmes : baisse de moral, perte d'estime de soi, forme d'épuisement général, voire même dépression. Il diffère également du brown-out qui, lui, correspond au sentiment d'effectuer des tâches dont on ne comprend ni le sens, ni la finalité.

D'après Marie PEZE, docteur en psychologie, "quand un employé n'arrive pas à donner un sens à son action quotidienne, il s'en porte très mal. Les symptômes varient selon le contexte et selon l'individu, mais ils peuvent se traduire par une alchimie négative, explosive et destructrice".

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Quelles sont les causes du bore-out ou ennui au travail ?

Les causes du bore-out peuvent être multiples :

  • la sur-qualification : vous êtes trop diplômé et les tâches que vous effectuez ne sont pas en adéquation avec vos compétences, avec la finalité de vos études ou avec votre savoir-faire ;
  • la mise au placard : votre employeur vous confie de moins en moins de travail ;
  • les tâches répétitives : votre travail consiste toujours en la même chose et la routine s'est installée. La monotonie du travail est une des raisons majeures du bore-out, de même que ne pas faire de choses plaisantes au travail (1) ;
  • le manque de challenge ou de défis à relever : vous n'êtes pas assez stimulé ;
  • l'absence d'évolution professionnelle.

Bore-out : comment réagir et combattre le bore-out ?

Victime de bore-out, vous devez réagir et trouver des solutions ! Ne vous enlisez pas dans une spirale infernale ! Si vous ne parlez pas de votre malaise, personne ne saura que vous souffrez d'ennui.

Vous pouvez :

  • en parler avec vos collèges, peut-être n'êtes-vous pas le seul dans cette situation ;
  • en discuter avec votre supérieur afin de voir si une réorganisation du travail peut être opérée. En effet, si vous estimez que vous n'êtes pas assez occupé, n'hésitez pas à le verbaliser, votre manager n'a peut-être pas conscience de ce que vous traversez ;
  • en parler aux représentants du personnel de votre entreprise (CSE, délégué syndical...) ;
  • vous tenir informé sur les postes disponibles dans votre entreprise, qui vous redonneraient envie de vous dépasser. Si de tels postes sont disponibles, rapprochez-vous de votre employeur afin de lui montrer votre intérêt et votre envie de changer de poste ;
  • prendre acte de la rupture de votre contrat aux torts de votre employeur ;
  • rechercher un nouvel emploi dans une autre entreprise ;
  • aller voir le médecin du travail ou votre médecin traitant ;
  • contacter l'inspection du travail (Dreets, ex-Direccte).
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Le bore-out est considéré comme harcèlement moral : jurisprudence juin 2020 :

La Cour d'appel de Paris a rendu un arrêt inédit dans lequel elle admet que les faits relatifs au bore-out d'un salarié sont constitutifs d'un harcèlement moral (2). Elle condamne alors pour la première fois l'ennui au travail comme constitutif de harcèlement moral.
D'après la Cour d'appel, le manque d'activité et l'ennui du salarié sont confirmés dans cette affaire, les agissements répétés de l'employeur ont dégradé ses conditions de travail et de santé. Les conditions de travail du salarié (ennui et manque d'activité) sont en lien avec son état de santé dégradé (dépression, crise d'épilepsie). L'employeur n'a pas réussi à prouver que ces éléments n'étaient pas constitutifs de harcèlement moral. Il est donc condamné à verser des dommages-intérêts au salarié.

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Références :

(1) Etude de la DARES - octobre 2015 – « Autonomie dans le travail »
(2) CA Paris, 2 juin 2020, n°18/05421