Qu'est-ce que le burn-out ?
À l'origine, c'est le psychanalyste new-yorkais Herbert Freudenberger qui a conceptualisé le "burn-out syndrome", dans les années 1970. Il avait observé que de nombreux bénévoles encadrant des toxicomanes se décourageaient et perdaient leur motivation. Ils décrivaient un sentiment de vide intérieur comme s'ils avaient subi un incendie et s'étaient consumés.
Par la suite, de nombreux travaux sur le burn-out ont été réalisés, notamment la psychologue américaine Cristina Maslash qui a défini la notion. En effet, au départ, le burn-out était plutôt décrit pour des soignants ou des avocats exerçant leur activité auprès de personnes en difficultés. Les chercheurs pensaient que ce mal atteignait les personnes qui travaillaient dans une relation d'aide.
Mais rapidement, il est apparu que les causes du burn-out n'étaient pas toutes spécifiques aux professionnels impliqués auprès d'autrui. C'est le cas, par exemple, de la charge de travail et du manque de soutien de sa hiérarchie. On a ainsi étendu la notion de burn-out à tous les groupes professionnels.
D'après Patrick Légeron, psychiatre et fondateur du cabinet Stimulus, la personne touchée a le sentiment de ne plus avoir d'énergie, elle se sent vidée. En même temps, apparaît un désinvestissement de la relation avec l'autre, un manque d'empathie, une attitude cynique. Enfin, on constate une baisse de l'estime de soi.
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Que veut dire burn-out ? Définition de l'épuisement professionnel
La psychologue américaine Christina Maslach, a défini le burn-out comme "un syndrome d'épuisement émotionnel, de dépersonnalisation et de réduction de l'accomplissement personnel qui apparaît chez les individus impliqués professionnellement auprès d'autrui".
Le burn-out se traduit par un "épuisement physique, émotionnel et mental qui résulte d'un investissement prolongé dans des situations de travail exigeantes sur le plan émotionnel".
Le burn-out est un syndrome à trois dimensions (1) :
- l'épuisement émotionnel : fatigue extrême qui devient chronique et ne parvient plus à être soulagée par le repos;
- le cynisme vis-à-vis du travail : l'attitude de l'individu devient négative, dure, détachée, vis-à-vis de son travail et des personnes (collègues, encadrement, clients, patients...). Progressivement, il se désengage de son travail, une perte d'estime de soi s'installe et une barrière entre lui et les autres apparaît. Le travailleur réduit son investissement et développe des conceptions péjoratives, cyniques, sur les personnes pour qui ou avec qui il est censé travailler ;
- la diminution de l'accomplissement personnel au travail : une dévalorisation de soi, traduisant pour l'individu le sentiment d'être inefficace dans son travail et de ne pas être à la hauteur du poste. Malgré tous ses efforts, le travailleur se sent dans une impasse.
2,5 millions de salariés en burn-out sévère d'après une étude Opinion Way / Empreinte Humaine, mars 2022
Avec la crise sanitaire liée à la Covid-19, le nombre de salariés en détresse psychologique a augmenté sensiblement, en particulier le nombre de cas de burn-out.
Les résultats du baromètre publié le 20 octobre 2021 par le cabinet Empreinte Humaine (2), spécialisé dans la prévention des risques psychosociaux (RPS) sont alarmants. En effet, le taux de burn-out a augmenté de 25% depuis mai 2021, pour culminer à 2,55 millions de personnes en burn-out sévère.
Selon cette étude, les salariés les plus exposés au burn-out sont :
- les managers ;
- les jeunes salariés âgés de moins de 29 ans ;
- et les femmes.
Les entreprises doivent prendre la mesure de ces enjeux pour améliorer la prévention des risques psychosociaux. Il est urgent de développer des soft-skills (savoir-être, curiosité, écoute...) dans toutes les entreprises.
Quelle est la différence entre burn-out et dépression ?
La différence entre le burn-out et la dépression est présente sur plusieurs points :
- l'origine : le burn-out vient surtout du cadre professionnel alors que la dépression provient surtout du cadre de vie de la personne en général ;
- les traitements : ils sont assez différents puisque le burn-out peut être réduit par des modifications du cadre de travail ainsi que des personnes avec lesquelles il travaille. Pour la dépression, il s'agit plus d'un travail sur la personne elle-même, accompagné par un spécialiste.
Les symptômes sont assez similaires et il n'est pas rare qu'un burn-out puisse entraîner une dépression (3).
Les causes principales du burn-out
De nos jours, les salariés ont de plus en plus de mal à décrocher de leur travail, le soir après leur journée ou le weekend, bien qu'il existe pourtant un droit à la déconnexion depuis le 1er janvier 2017 (4).
Plusieurs causes peuvent être à l'origine d'un burn-out :
- le développement des nouvelles technologies et la possibilité de rester connecté à toute heure. De plus en plus de salariés ramènent du travail chez eux (sans parler de télétravail), dans les transports, pendant leurs congés ou même en arrêt maladie ;
- la conjoncture actuelle du marché du travail : bon nombre de salariés ont peur de perdre leur travail et de se retrouver au chômage ;
- la peur de ne pas atteindre les objectifs fixés par la direction ;
- le manque de personnel ;
- l'accroissement de la charge de travail (à l'inverse du bore-out).
Le stress qui en découle peut avoir des effets préjudiciables pour la santé, au point de rendre un salarié malade (troubles du sommeil, isolement social, anxiété, maux de tête...). Les pathologies psychiques (5), telles que le burn-out, peuvent d'ailleurs être reconnues comme maladie professionnelle.
Comment savoir si un salarié fait un burn-out et quels en sont les signes ?
Bien souvent, les salariés victimes de burn-out ne se rendent pas compte ou ne veulent pas se rendre compte de l'impact que leur travail peut avoir sur leur santé. Cependant, les conséquences sur la santé sont nombreuses. C'est pourquoi différentes mesures de prévention peuvent permettre d'éviter un burn-out.
Lorsqu'il y a un écart important entre ce que représente le métier pour le salarié et la réalité de son travail, il existe un risque de développer un syndrome d'épuisement professionnel.
Des signes plus ou moins fréquents, voire quotidiens, doivent vous alerter, ou alerter l'employeur :
- diminution de la concentration ;
- stress chronique ;
- dévalorisation ;
- fatigue excessive ;
- irritabilité ;
- émotivité ;
- addictions.
Parfois, le burn-out est associé au harcèlement moral (6). Si vous êtes victime de harcèlement moral, parlez-en !
Vous souhaitez en savoir plus sur le harcèlement moral ?
Qu'est-ce qu'une maladie professionnelle ?
Les critères selon le Code de la sécurité sociale
Le Code de la sécurité sociale donne une liste de maladies professionnelles. En effet, est présumée d'origine professionnelle, toute maladie désignée dans le tableau se trouvant à l'annexe II de ce même Code (7). Cela signifie qu'il n'est pas nécessaire de prouver l'origine professionnelle de la maladie.
Si une ou plusieurs conditions tenant au délai de prise en charge, à la durée d'exposition ou à la liste indicative des travaux ne sont pas remplies, la reconnaissance de la maladie professionnelle reste possible.
Dans le cas où l'une des conditions n'est pas satisfaite ou que la maladie n'est pas dans les tableaux des maladies professionnelles présumées, la Caisse Primaire d'Assurance Maladie (CPAM) peut reconnaître l'origine professionnelle de la maladie si cette dernière est causée directement par le travail habituel du salarié (8).
Indemnités liées à la maladie professionnelle
Pour avoir le droit à des indemnités, la maladie professionnelle doit être inscrite dans l'un des tableaux prévus par le Code de la sécurité sociale ou que la CPAM reconnaisse la maladie comme étant une maladie professionnelle "hors tableau".
Une fois cette reconnaissance effectuée, le salarié peut prétendre aux indemnités suivantes :
- en cas d'arrêt de travail, aux indemnités versées par la Sécurité sociale et à l'indemnité complémentaire versée par l'employeur ;
- en cas d'incapacité permanente de travail, à une indemnisation spécifique, et une indemnisation complémentaire en cas de faute importante de l'employeur
💡 A noter : des indemnités supplémentaires existent pour des maladies plus spécifiques.
Vous souhaitez en savoir plus sur les maladies professionnelles en général ?
Quelles conditions pour faire reconnaître votre burn-out comme maladie professionnelle ? Comment le prouver ? Existe-t-il un tableau dédié aux maladies psychiques ?
Les conditions de travail des salariés ont été sérieusement affectées avec la crise sanitaire due à l'épidémie de Covid-19 (isolement, télétravail ou retour au bureau, stress, fatigue, etc.). Leur état de santé physique mais aussi psychique peut en être affecté. Il est probable que certains d'entre-eux soient en burn-out, c'est-à-dire en situation d'épuisement professionnel.
Même si à ce jour, il n'existe pas de tableau des maladies professionnelles pour les pathologies psychiques telles que le burn-out (ou encore le bore-out ou le brown-out), il est toutefois possible de faire reconnaître ce syndrome d'épuisement professionnel comme étant d'origine professionnelle. |
Une pathologie psychique comme le burn-out, peut être reconnue comme maladie professionnelle si les 2 conditions cumulatives suivantes sont réunies (7) :
- il est établi que la pathologie est essentiellement et directement causée par le travail : s'il doit exister un lien direct et essentiel avec les conditions de l'exercice professionnel, ceci ne signifie cependant pas que ce lien doit être exclusif. En effet, pour apprécier l'origine professionnelle de la pathologie, l'Assurance maladie peut prendre en compte un éventuel état antérieur ainsi que les facteurs extraprofessionnels qui peuvent impacter la santé mentale du salarié ;
- et, elle a entraîné une incapacité permanente partielle (IPP) égale ou supérieure à 25%.
Exemple : un salarié comptable s'est vu refuser la reconnaissance de sa dépression (causée notamment par une mise à l'écart au travail et un burn-out) au motif qu'il n'était pas établi que son état dépressif était lié au travail de façon exclusive et certaine.
Vous devrez donc vous rapprocher de votre CPAM afin de faire reconnaître votre burn-out comme maladie professionnelle.
Le comité régional de reconnaissance des maladies professionnelles (CRMP) devra rendre un avis qui sera déterminant pour la reconnaissance de votre maladie professionnelle. Il vous suffit de répondre aux deux conditions citées ci-dessus.
Le CRMP disposera d'un délai d'une durée de quatre mois pour rendre son avis.
Obligations et responsabilités de l'employeur dans la reconnaissance d'une maladie professionnelle ?
L'employeur est soumis à l'obligation de sécurité. Cela signifie donc que ce dernier doit garantir la santé mentale et physique de ses salariés mais également leur sécurité.
Il a pour obligation de prévenir les risques professionnels au sein de son entreprise et d'entreprendre diverses actions à cet égard.
Au-delà du fait qu'il s'agisse d'une obligation pour l'employeur, il est important de rappeler que la prévention des risques permet de diminuer le risque d'accidents et de maladies professionnelles.
En cas de contentieux, la responsabilité de l'employeur peut être sérieusement engagée. En effet, l'employeur pourra être coupable d'une faute inexcusable s'il ne prouve pas qu'il a tout mis en oeuvre pour assurer son obligation de sécurité, qui est une obligation de moyens renforcés.
Vous êtes un employeur et souhaitez savoir comment identifier et prévenir le burn-out ?
Références :
(1) Anact, Inrs "Le syndrôme d'épuisement professionnel ou burnout : mieux comprendre pour mieux agir" (2) Baromètre cabinet Empreinte Humaine, 20 octobre 2021 (3) Assurance Maladie, Stress au travail : tout savoir sur le burn-out (4) Loi n°2016-1088 du 8 août 2016 relative au travail, à la modernisation du dialogue social et à la sécurisation des parcours professionnels (5) Article L461-1 du Code de la sécurité sociale (6) Cass. Soc. 6 avril 2011, n°10-11647 (7) Article L461-1 du Code de la sécurité sociale (8) Annexe II : Tableaux des maladies professionnelles prévus à l'article R.461-3 (Articles Annexe II : Tableau n° 1 à Annexe II : Tableau n° 102)
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