Définition : à partir de quelle heure commencent les horaires de nuit ?
Le travail de nuit est celui effectué au cours d'une période d'au moins 9 heures consécutives, comprenant obligatoirement l'intervalle entre minuit et 5 heures.
La période de travail de nuit commence au plus tôt à 21 heures et s'achève au plus tard à 7 heures (sauf pour les activités de production rédactionnelle et industrielle de presse, de radio, de télévision, de production et d'exploitation cinématographiques, de spectacles vivants et de discothèque) (1).
Cette période de travail de nuit peut être fixée par une convention ou un accord collectif qui doit respecter les limites posées (2). À défaut de convention ou d'accord collectif, tout travail accompli entre 21 heures et 6 heures est considéré comme du travail de nuit (3).
Qui sont les salariés considérés comme des travailleurs de nuit ?
Un salarié est considéré comme travailleur de nuit dans les cas suivants (4) :
- soit il accomplit au moins 3 heures de travail de nuit quotidiennes au moins 2 fois par semaine ;
- soit il accomplit un nombre minimal d'heures de travail de nuit au cours d'une période de référence donnée. Ce nombre minimal d'heures de travail de nuit peut être fixé par la convention ou l'accord collectif de travail étendu qui met en place le travail de nuit dans l'entreprise. À défaut de stipulations conventionnelles, le nombre minimal d'heures de travail entraînant la qualification de travailleur de nuit est fixé à 270 heures sur une période de référence de 12 mois consécutifs (5).
Un employeur peut-il faire travailler de nuit un jeune de moins de 18 ans de manière exceptionnelle ?
Néanmoins, il existe des exceptions dans certains secteurs d'activité. En effet, des dérogations peuvent être accordées par l'inspecteur du travail pour les établissements commerciaux et les établissements du spectacle (7).
Une dérogation peut également être accordée aux entreprises qui appartiennent à l'un des secteurs pour lesquels les caractéristiques particulières de l'activité le justifient comme la boulangerie, la pâtisserie, la restauration, l'hôtellerie, les spectacles et les courses hippiques.
⚠ Il ne peut cependant être accordé de dérogation entre minuit et 4 heures, sous réserve des cas d'extrême urgence.
En effet, en cas d'extrême urgence, le travail de nuit des jeunes de 16 à 18 ans peut être autorisé pour des travaux passagers destinés à prévenir des accidents imminents ou à réparer les conséquences des accidents survenus, si les travailleurs adultes ne sont pas disponibles (8).
Le mineur qui travaille de nuit doit bénéficier d'un repos quotidien d'une durée minimale de 12 heures consécutives (14 heures consécutives s'il a moins de 16 ans) (10).
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Comment est mis en place l'emploi de nuit ?
➡ Un employeur ne peut pas contraindre ses salariés à travailler de nuit. Le refus de la part du salarié ne serait pas un motif de licenciement recevable. Le recours au travail de nuit doit être exceptionnel.
Le travail de nuit doit en effet prendre en compte la protection de la santé et de la sécurité des travailleurs et être justifié par la nécessité d'assurer la continuité de l'activité économique ou des services d'utilité sociale (11).
La convention ou l'accord doit prévoir certains aspects de l'organisation du travail de nuit :
- les justifications du recours au travail de nuit ;
- la définition de la période de travail de nuit ;
- une contrepartie sous forme de repos compensateur et, le cas échéant, sous forme de compensation salariale ;
- des mesures destinées à améliorer les conditions de travail des salariés ;
- des mesures destinées à faciliter l'articulation de leur activité professionnelle nocturne avec leur vie personnelle et avec l'exercice de responsabilités familiales et sociales ;
- des mesures destinées à assurer l'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes ;
- l'organisation des temps de pause.
Si vous n'avez pas conclu d'accord collectif et que vous avez engagé de façon sérieuse et loyale des négociations en vue de conclure un tel accord, vous pouvez affecter des salariés à des postes de nuit, sur autorisation de l'inspecteur du travail (12).
Cela implique que vous devez avoir accompli les actions suivantes :
- avoir convoqué les organisations syndicales représentatives dans l'entreprise à la négociation et avoir fixé le lieu et le calendrier des réunions ;
- avoir communiqué les informations nécessaires leur permettant de négocier en toute connaissance de cause ;
- avoir répondu aux éventuelles propositions des organisations syndicales.
Lorsque vous proposez à vos salariés de passer en horaires de nuit, pensez à leur envoyer une lettre recommandée avec accusé de réception.
Quelle est la durée quotidienne de travail d'un travailleur de nuit ?
Lorsque vous avez recours au travail de nuit, pensez à respecter la durée quotidienne de travail maximale (13). En effet, celle-ci ne peut excéder 8 heures.
max 8 H / joursauf dérogation autorisée
En cas de circonstances exceptionnelles, il vous est possible de demander à l'inspecteur du travail qu'il vous autorise à dépasser la durée maximale quotidienne de travail.
N'oubliez pas de consulter au préalable, les délégués syndicaux et d'obtenir l'avis du comité social et économique (CSE).
Néanmoins, il est possible de prévoir le dépassement de la durée maximale quotidienne d'un travailleur de nuit par un accord d'entreprise ou d'établissement ou, à défaut, une convention ou un accord de branche (14).
Quelle est la durée de travail hebdomadaire d'un travailleur de nuit ?
Vous devez aussi être vigilant quant à la durée hebdomadaire de travail. En effet, vos salariés ne peuvent pas avoir effectuer plus de 40 heures de travail par semaine sur une période de 12 semaines consécutives (15).
max 40 H/ semainesauf dérogation par accord ou convention
En revanche, vous avez la possibilité de prévoir, lorsque les caractéristiques propres à l'activité de votre secteur le justifient, le dépassement de la durée maximale hebdomadaire de travail par accord d'entreprise ou d'établissement ou, à défaut, une convention ou un accord de branche. Il ne faut toutefois pas que cela ait pour effet de porter cette durée à plus de 44 heures sur 12 semaines consécutives (16).
Quelles conséquences pour le travailleur de nuit ? Le travailleur de nuit a-t-il droit à un repos compensateur ou à une majoration de salaire ?
Repos compensateur obligatoire
Tout employeur qui fait travailler l'un de ses salariés de nuit doit lui accorder une contrepartie sous forme de repos compensateur (10).
Le repos compensateur est obligatoire et ne peut pas être remplacé par une compensation salariale.
Quel salaire quand on travaille sur des horaires de nuit ? (majoration de salaire, prime de nuit)
Toutefois, l'accord collectif qui met en place le travail aux heures de nuit dans l'entreprise peut tout à faire prévoir, en plus de la contrepartie sous forme de repos compensateur obligatoire, une compensation salariale.
Cette dernière peut prendre la forme d'une majoration de salaire ou d'une prime de nuit. Le montant de la majoration salariale ou de la prime de nuit est alors déterminé par l'accord collectif instituant le travail de nuit.
Quel suivi de santé devez-vous mettre en place pour les travailleurs de nuit ?
L'employeur qui souhaite avoir recours au travail de nuit doit impérativement consulter le médecin du travail. Il s'agit en effet, d'une décision importante relative à la mise en place ou à la modification de l'organisation du travail de nuit (18).
Tout travailleur de nuit bénéficie d'un suivi individuel régulier de son état de santé (19). La périodicité de ce suivi est fixée par le médecin du travail, en fonction des particularités du poste occupé et des caractéristiques du travailleur (20).
Le suivi de l'état de santé permet au médecin du travail d'apprécier les conséquences du travail de nuit sur la santé et la sécurité, notamment en raison des modifications des rythmes chronobiologiques, et d'en appréhender les répercussions sur la vie sociale (21).
À lire également : Changement d'heure : quels impacts sur la rémunération des salariés de nuit ?
Tout savoir sur le travail de nuit en image : infographie Juritravail
Références :
(1) Articles L3122-2 et L3122-3 du Code du travail
(2) Article L3122-15 du Code du travail
(3) Article L3122-20 du Code du travail
(4) Article L3122-5 du Code du travail
(5) Article L3122-16 et L3122-23 du Code du travail
(6) Article L3163-1 du Code du travail
(7) Article L3163-2 du Code du travail
(8) Article L3163-3 du Code du travail
(9) Article R3163-5 du Code du travail
(10) Article L3164-1 du Code du travail
(11) Article L3122-1 du Code du travail
(12) Article L3122-21 du Code du travail
(13) Article L3122-6 du Code du travail
(14) Article L3122-17 du Code du travail
(15) Article L3122-7 du Code du travail
(16) Article L3122-18 du Code du travail
(17) Article L3122-8 du Code du travail
(18) Article L3122-10 du Code du travail
(19) Article L3122-11 du Code du travail
(20) Article L4624-1 du Code du travail
(21) Article R3122-11 du Code du travail
Cette lettre de refus est bien