Le secteur de l’e-sport en pleine expansion se structure au fur et à mesure. L’écosystème manquant encore de maturité, les écoles de e-sport sont ainsi très jeunes, et ne sont pas encore clairement définies en ce que plusieurs modèles peuvent être relevés. Le cabinet d’avocats Ziegler & Associés a donc étudié le sujet des écoles de e-sport qui pourraient, pour certaines, être des arnaques.

I - Qu’est-ce qu’une école de e-sport ou de e-gaming ?

Historiquement, la première école française e-sport avait pour objectif de former des joueurs professionnels appelés « pro gamers » ou moins communément « eSportif ». Celle-ci ne connut pas franc succès par le manque d’expérience de ses fondateurs. 

Puis, plusieurs écoles se sont créées avec un double objectif : former des joueurs professionnels d’une part, et leur apprendre un métier autour de l’e-sport et du stream d’autre part (monteur vidéo, manager e-sport, community manageretc) afin de consolider leur parcours académique dans l’éventualité où leur carrière de pro gamer ou de streamern’aboutissait pas. C’est un premier aveu de la difficulté à réaliser l’objectif premier, et ce modèle a connu de vives critiques en ce que la sélection à l’entrée sur les qualités de jeu des étudiants était faible ; ses programmes pédagogiques sont bancals ; et l’équipe encadrante peu expérimentée (secteur jeune, et peu de joueurs pros pour montrer l’exemple).

Par ailleurs, l’essor de l’e-sport a conduit à ce que les entreprises demandent des profils formés, ce à quoi se sont attelées certaines écoles de commerce en créant des parcours de management spécialisés dans le gaming (INSEEC, ISG, IIM…).


Puis sont nés plusieurs centres de formations e-sport haut de gamme et sélectifs, avec pour objectif de former et d’encadrer les joueurs professionnels, plus proches ici du modèle d’un club de football : système de détection des talents, formation des joueurs financée par les clubs ou par leur mise à disposition à ceux-ci. Mais dans ces centres, les joueurs vivent ainsi déjà de leur activité. 

Enfin, il existe la Gaming School lancée en 2019 cette fois-ci dans une optique de développer l’e-sport en tant que loisir, où l’on y retrouve des cours de jeux vidéo. 


En résumé, il n’existe pas un seul modèle d’école de gaming ou d’e-sport, et chacune n’a pas le même objectif. Il est soit de former des joueurs professionnels, soit de leur enseigner un métier autour du jeu vidéo ou du stream, soit de développer cette activité en tant que loisir.

II – À quels métiers forment ces écoles, quel succès ?

Que recherchent vraiment les étudiants ? 

Il convient de constater que beaucoup de jeunes souhaitent devenir « pro gamers » ou « streamers », tout en limitant le risque de se retrouver démunis en cas d’échec, et ainsi de s’assurer un métier et un diplôme à l’issue de leur formation.

 

Faut-il passer par une école de gaming pour devenir joueur professionnel ou streamer ? 

Les avis sur la question divergent. Certains professionnels actuels de l’e-sport ou de la création de contenu en ligne conseilleraient pour réussir de ne pas passer par une école et que le nécessaire s’apprend par la pratique. Ils appuient leurs positions en précisant que cela permettrait de poursuivre un cursus plus classique et mieux reconnu à côté de cette activité, tant pour assurer un certain filet de sécurité académique que pour que le jeu vidéo puisse rester un loisir sans pression financière. 

De plus s’ils envisagent une carrière plus compétitive que de divertissement, ils pourront peut-être se faire repérer et faciliter leur sélection dans des clubs de e-sport de compétition. 

Dans les faits, il n’existe aucune formation ou diplôme nécessaire au métier de joueur professionnel. Bien qu’une formation complémentaire en communication ou en montage puisse être utile pour naviguer dans ce milieu, c’est essentiellement le loisir que les passionnés ont transformé en métier.

 

À quels autres métiers forment ces écoles, et avec quel succès ? 

Contrairement à ce que l’on pourrait être amené à penser, les métiers de l’e-sport ne s’arrêtent pas au simple métier de joueur professionnel, de steamer ou de créateur de contenu. C’est tout un écosystème dans lequel nous retrouvons les métiers de manager e-sport, web designer, développeur web et mobile, community manager, responsable marketing, responsable d’acquisition de trafic, monteur de vidéo etc… Plus de 50 métiers peuvent être recensés en dehors des métiers phares autour du multimédia.

Quant à la formation à ces métiers, les écoles de e-sport sont souvent critiquées pour l’aspect bancal de leurs programmes, manquant soit de cohérence entre les matières, soit tout simplement d’enseignements par rapport à une école classique de multimédia. Elles réussissent cependant à former des professionnels qualifiés, mais ne connaissent pas le même succès auprès des employeurs que le top des écoles de multimédia ou de commerce.


III - Les écoles de e-sport : une arnaque ? 

Au-delà de ne pas toujours délivrer de diplômes reconnus, des crédits ECTS qui permettent à l’étudiant de poursuivre ses études en changeant d’école ne sont pas non plus délivrés dans de nombreux cas. Un programme de formation lacunaire n’est pas la seule crainte légitime à avoir depuis certains scandales, où les cours étaient dispensés sans contrat, dans des locaux délabrés, et sans matériel. Un témoignage y relatait même de la présence d’une escort-girl dans l’école. Un des écoles proposait des cours de montage sur papier faute de licences pour les logiciels. 

Si rejoindre une formation rassure certains étudiants et les convainc d’avancer vers le droit chemin, ces écoles ne peuvent pour l’instant leur affirmer qu’ils atteindront l’objectif premier à savoir devenir streamers ou joueurs professionnels. Elles ne peuvent pas non plus affirmer une forte employabilité ou du moins supérieure à d’autres cursus sur les métiers autour du jeu vidéo. 

De telles affirmations relèveraient de l’escroquerie. Toutefois, certaines formations permettent néanmoins l’obtention d’un diplôme reconnu et la possibilité de travailler dans le secteur avec une certaine appréhension du domaine. 


Les écoles de e-sport peuvent avoir une plus-value, mais il n’y a pas d’obligation de résultat. S’il y a des abus, certaines formations sont effectivement diplômantes et peuvent aboutir un métier. Cependant, celles-ci ne sont pas le cas le plus fréquent, et qui plus est à un tarif assez élevé.

 

Conclusion 

Le domaine du gaming étant en pleine expansion, il semblerait qu’il faille laisser un peu plus de temps aux écoles pour se développer quant aux formations aux métiers gravitant autour de ce milieu. En effet, les entreprises de jeux vidéo qui recrutent pour les métiers autour du management ou du marketing par exemple, favorisent les profils d’école de commerce ou de multimédia bien reconnues au détriment des écoles e-sport à double casquette.