Nouvelle convention collective de la métallurgie 2024 : depuis quand s'applique-t-elle ? Qu'est-ce qui change ?

Face à l'évolution constante des activités industrielles, aux progrès technologiques et aux mutations inhérentes au monde du travail et de l'emploi, une révision et une modernisation incontournables du dispositif conventionnel préexistant s'imposaient.

Une seule et même convention collective nationale de la métallurgie, c'était l'objectif des partenaires sociaux (UIMM, CFDT, CFE-CGC et FO) de la branche de la métallurgie (1).

Amorcé il y a plus de cinq ans, ce projet historique visait à forger le nouveau visage social de l'industrie. Avec plus de 1,6 million de salariés et fédérant près de 42.000 entreprises, le secteur de la métallurgie opère ainsi une transition cruciale.

La nouvelle convention collective de la métallurgie est entrée en vigueur le 1er janvier 2024. Seules les dispositions relatives à la protection sociale complémentaire sont entrées en vigueur et applicables depuis le 1er janvier 2023.

Je me félicite de l’aboutissement de cette négociation inédite qui permettra demain de rendre notre industrie plus compétitive et plus attractive. Il démontre à nouveau la capacité des partenaires sociaux de la métallurgie à trouver, ensemble et via le dialogue social, des réponses concrètes aux défis économiques et sociaux structurants pour nos entreprises et leurs salariés".

Eric Trappier, président de l’UIMM (2)

Elle permet de simplifier et d'améliorer l'accessibilité des dispositions applicables aux salariés et employeurs de la branche de la métallurgie, en unifiant :

  • la convention collective nationale de la métallurgie pour les ingénieurs et les cadres ;
  • les 76 conventions collectives territoriales pour les non-cadres ;
  • la convention collective nationale de la sidérurgie ;
  • de multiples avenants et accords autonomes complémentaires.
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D'ailleurs, la Cour de cassation a validé les avenants de révision mettant fin aux conventions collectives territoriales dans le cadre de la mise en place de la nouvelle convention collective de la Métallurgie le 1er janvier 2024 (3).

"Les partenaires sociaux sont en droit de conclure, dans les conditions fixées par l'article L. 2261-7 du code du travail, un avenant de révision d'un accord collectif de branche à durée indéterminée mettant fin à cet accord, dès lors que cette extinction prend effet à compter de l'entrée en vigueur d'un autre accord collectif dont le champ d'application couvre dans son intégralité le champ professionnel et géographique de l'accord abrogé par l'avenant de révision”.

Un tel changement permet de fixer une seule et même grille des salaires au sein du secteur de la métallurgie, une protection sociale complémentaire identique sur tout le territoire, ou encore de réunir l'ensemble des quelque 1.600.000 salariés au sein d'une même classification.

Nouvelle grille de classification des salariés (cadres et non-cadres) de la métallurgie : comment elle fonctionne ?

La nouvelle classification des salariés de la branche de la métallurgie est sans doute la plus grande nouveauté de la CCN 2024. Le souhait des auteurs est de garantir l'équité entre les salariés de la branche, mais également en de renforcer la simplicité et la transparence des dispositions, afin qu'elles soient claires et à la portée de tous. 

Elle remplace ainsi les différents systèmes de classification existants jusqu'alors.

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Bon à savoir :

Un Certificat de Compétences Professionnelles de la Métallurgie (CCPM) "Référent classification des emplois dans la métallurgie" a été créé pour sensibiliser les salariés et les employeurs à cette nouvelle classification.

Les salariés, qu'ils soient cadres et non-cadres, sont ainsi classés selon 6 critères :

  • la complexité de l'activité ;
  • les connaissances ;
  • l'autonomie ;
  • la contribution ;
  • l'encadrement-coopération ;
  • la communication.

Chacun des critères se voit appliquer un degré de 1 à 10, comptabilisé sous formes de points (exemple : degré 4 = 4 points), qui sont additionnés pour définir la cotation au classement. Cette cotation permettant, ensuite, de déterminer la classe d'emploi et le groupe d'emploi du salarié (8 groupes de A à I).

Tableau récapitulatif de la classification du salarié :

Cotations Classes d'emplois Groupes d'emplois
58 à 60 18 I
55 à 57 17 I
52 à 54 16 H
49 à 51 15 H
46 à 48 14 G
43 à 45 13 G
40 à 42 12 F
37 à 39 11 F
34 à 36 10 E
31 à 33 9 E
28 à 30 8 D
25 à 27 7 D
22 à 24 6 C
19 à 21 5 C
16 à 18 4 B
13 à 15 3 B
10 à 12 2 A
6 à 9 1 A

Les salariés qui relevaient jusqu'au 31 décembre 2023 de la convention collective nationale des ingénieurs et cadres du 13 mars 1972 relèvent désormais, en principe, des groupes d'emplois F, G, H et I. 

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Grille de salaire unique et nationale pour toute la branche : quel salaire pour quel coefficient ?

Une fois que le salarié est classé correctement, un barème unique de salaires minima hiérarchiques (SMH) lui est appliqué. Il est unique et identique pour tous les salariés du secteur de la métallurgie. Cette nouvelle grille des salaires s'applique en effet, aussi bien aux cadres qu'aux non cadres.

Il s'agit d'un salaire indicatif en deçà duquel l'employeur ne peut le rémunérer. Son groupe et sa classification, indiqués sur son contrat de travail et son bulletin de paie, lui permettent ainsi de suivre, d'année en année, si sa rémunération respecte bien les montants négociés par les partenaires sociaux.

Ces salaires minima hiérarchiques sont négociés à la fin du premier trimestre de chaque année civile, en prenant en compte, comme il est obligatoire, le salaire minimum interprofessionnel de croissance (SMIC).

Barème unique de salaires minima hiérarchiques au 1er janvier 2024 : quel salaire pour quel coefficient ?

Groupes d'emplois Classes d'emplois Salaires minimaux conventionnels pour 2024 (par an) 
A 1 21 700 euros
A 2 21 850 euros
B 3 22 450 euros
B 4 23 400 euros
C 5 24 250 euros
C 6 25 550 euros
D 7 26 400 euros
D 8 28 450 euros
... ... ...

 

==> Découvrez notre article pour tout comprendre sur le salaire minimum conventionnel

Quid des cadres au forfait en heures ou en jours sur l'année en 2024 ?

La nouvelle convention collective nationale de la métallurgie prévoit que les montants des salaires minima hiérarchiques des barèmes uniques, évoqués précédemment, seront majorés pour les salariés cadres au forfait jours / heures :

  • 15 % pour les cadres au forfait en heures ;
  • 30 % pour les cadres au forfait en jours.

Dispositions spécifiques pour les salariés débutants recrutés sous le groupe d'emplois F

Un barème spécifique s'applique aux salariés débutants occupant un poste appartenant au groupe d'emplois F et ce, durant les 6 premières années.

Avant de rejoindre le niveau de la grille des salaires minimum hiérarchiques, une période transitoire s'applique. Leur SMH est majoré de 5 % à 8 % pour récompenser l'ancienneté du salarié au sein de la même entreprise, durant les 6 premières années.

Ainsi, le barème unique des salaires minima hiérarchiques qui leur est applicable, pour une durée hebdomadaire de travail effectif de 35 heures (sur la base mensualisée de 151,66 heures) est le suivant :

Groupes d'emplois Classes d'emplois Ancienneté inférieure à 2 ans De 2 ans à moins de 4 ans d'ancienneté De 4 ans à 6 ans d'ancienneté
F 11 28.200 euros 29.610 euros 31.979 euros
F 12 29.700 euros 31.185 euros 33.680 euros
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Une protection sociale complémentaire identique pour tous les salariés du secteur de la métallurgie

La protection sociale complémentaire du secteur de la métallurgie est le premier changement effectif et rendu obligatoire depuis le 1er janvier 2023 par l'arrêté d'extension du 14 décembre 2022 (4). Toutes les entreprises concernées doivent donc s'y conformer dès à présent.

Il est désormais prévu que deux régimes de protection sociale obligatoires sont applicables aux salariés de la branche :

  • un régime de garanties relatives aux frais de santé ;
  • un régime de prévoyance complémentaire (incapacité, invalidité, décès).

Ces nouvelles dispositions, inédites, permettent de garantir aux salariés une couverture minimale de protection sociale complémentaire. Pour ce faire, les employeurs de la branche doivent verser une contribution, sous forme de cotisation, à leurs complémentaires.

Des garanties additionnelles facultatives sont également mises en place pour les entreprises souhaitant renforcer davantage la couverture de leurs salariés (à charge totale ou partielle du salarié ou de l'employeur selon ce qui a été négocié dans le contrat).

Enfin, un fonds d'actions sociales a été mis en place par les partenaires sociaux pour les salariés en difficulté. Il met en œuvre des actions sociales de solidarité et de prévention pour améliorer la situation de ces salariés.

Des délais de préavis de rupture du contrat harmonisés

L'unification des différentes conventions collectives territoriales contribue également à l'harmonisation des durées de préavis de rupture du contrat de travail.

A ce titre, les délais de préavis à respecter par le salarié, en cas de démission, sont les suivants :

Groupes d'emplois de la classification de la métallurgie* Durée du préavis 
A et B 2 semaines
C 1 mois
D et E 2 mois
F, G, H et I 3 mois
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A lire également :

Vous souhaitez connaître le préavis à respecter en cas ce licenciement ? Cet article peut vous intéresser : Convention de la métallurgie : quel préavis applicable ?

Une nouvelle prime d'ancienneté

Là encore, la prime d'ancienneté connait quelques modifications.

Dorénavant, tous les salariés des groupes A à E, présents dans l'entreprise depuis 3 ans, bénéficient d'une prime d'ancienneté, laquelle s'ajoute à leur rémunération mensuelle.

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Des congés exceptionnels pour événements familiaux

Tous les salariés du secteur, sans condition d'ancienneté, ont le droit à des congés exceptionnels pour évènements familiaux. La seule condition est la présentation d'un justificatif attestant la véracité de l'évènement.

Événements familiaux Congés (en jours)
Mariage ou Pacs du salarié 7 jours
Décès du conjoint, du partenaire de pacs, ou du concubin en cas d'enfant(s) à charge 5 jours
Décès d'un grand-parent 1 jour
Décès d'un petit-enfant 1 jour

Ces congés n'entraînent aucune réduction de rémunération et sont assimilés à du temps de travail effectif pour la détermination de la durée du congé payé annuel.

Références :
(1) Convention collective nationale de la métallurgie du 7 février 2022, étendue par arrêté du 14 décembre 2022
(2) Communiqué de presse du 7 février 2022 relatif à la signature de la nouvelle convention collective de la métallurgie
(3) Cass. Soc. 4 octobre 2023, n°22-23.551
(4) Arrêté d'extension du 14 décembre 2022 portant extension de la convention collective nationale de la métallurgie du 7 février 2022 ; Accord du 7 février 2022 relatif à la gouvernance et aux garanties contributives et non contributives du régime de protection sociale complémentaire de la branche de la métallurgie, modifié par avenant du 1er juillet 2022