Les défis des conseils de prud'hommes en France

Les conseils de prud'hommes font face à plusieurs défis qui impactent leur fonctionnement et leur efficacité. Voici les principaux défis identifiés par la Cour des Comptes :

Une durée de traitement des affaires préoccupante

Le rapport de la Cour des comptes met en évidence une durée de traitement des affaires par les conseils de prud'hommes qui suscite des inquiétudes. En moyenne, les dossiers prud'homaux prennent 16,3 mois pour être traités, soit une augmentation significative par rapport à 2009 où la durée était de 9,9 mois. Les litiges entre employeurs et salariés peuvent prendre des mois, voire des années, avant d'être résolus. Cette situation engendre une lourde charge de travail pour les conseils et peut avoir des conséquences néfastes pour les salariés et les employeurs qui attendent une décision judiciaire.

Une baisse du nombre d'affaires traitées

Une autre problématique relevée par la Cour des comptes concerne la baisse du nombre d'affaires soumises aux prud'hommes. Entre 2016 et 2020, le nombre d'affaires traitées par les conseils de prud'hommes a diminué de 20%, passant de 148 000 à 102 000. Cette baisse peut s'expliquer par les réformes législatives visant à réduire les contentieux, mais également par une éventuelle découragement des salariés face à des procédures jugées moins accessibles et longues.

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Un taux d'appel élevé

La Cour des comptes souligne également le taux d'appel élevé dans les affaires prud'homales. Environ 60% des décisions prud'homales sont contestées par l'une des parties au conflit, ce qui contribue aux difficultés de fonctionnement des juridictions d'appel. Ces appels prolongent encore davantage la durée globale des affaires, avec un délai moyen de 24,6 mois pour les traiter. Il devient ainsi indispensable de réfléchir à des solutions pour réduire ce taux d'appel et accélérer le processus de résolution des litiges.

Une composition du Conseil supérieur de la prud'homie à revoir

Le Conseil supérieur de la prud'homie, qui est l'instance chargée de réguler et superviser les conseils de prud'hommes, est composé de représentants des employeurs et des salariés. Cependant, certaines voix critiquent sa composition actuelle, estimant qu'elle n'est pas équilibrée et qu'elle ne permet pas une prise de décision objective et impartiale.

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Les recommandations de la Cour des comptes pour améliorer le fonctionnement des conseils de prud'hommes en France

Face aux défis auxquels sont confrontés les conseils de prud'hommes en France, la Cour des comptes a formulé plusieurs recommandations visant à améliorer leur fonctionnement et à répondre aux attentes des parties concernées. Voici quelques-unes d'entre elles : 

  • augmenter la durée minimale des mandats des présidents et des vice-présidents des conseils de prud'hommes, tout en renforçant leur rôle dans la planification et le suivi de la formation initiale et continue des conseillers :

  • établir un état annuel des effectifs des greffes pour chaque conseil de prud'hommes.

  • élargir la composition du conseil supérieur de la prud'homie en y incluant un magistrat d'une cour d'appel, un magistrat d'un tribunal judiciaire et un greffier ;
  • réformer le système de formation continue des conseillers prud'hommes en confiant à l'École nationale de la magistrature la responsabilité d'élaborer un plan directeur et d'évaluer qualitativement et quantitativement ce dispositif de formation ;

  • engager une refonte de la répartition géographique des conseils de prud'hommes et de leurs sections, en envisageant la fusion des conseils et sections dont l'activité est trop faible, et solliciter les propositions du Conseil supérieur de la prud'homie à cet égard.

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Sources : 

La Cour des Comptes

Les Echos