Été 2025 : une vague de chaleur intense en prévision
Météo-France sur le qui-vive
Selon les prévisions météorologiques, l'été 2025 s'annonce plus chaud qu'en temps normal sur l'ensemble du territoire français. Deux départements devraient être particulièrement touchés par des épisodes caniculaires : la Corse et la Corse-du-Sud.
Pour mémoire, on parle de :
- ☀️ "vagues de chaleur", pour désigner les périodes pendant lesquelles les températures sont susceptibles d'entraîner un risque sanitaire pour l'ensemble de la population. Ce terme est assez générique : il désigne à la foi un pic de chaleur, un épisode de chaleur, (etc.) ;
- 🥵 "canicule", pour désigner un épisode de chaleur intense qui s'étend sur 3 jours consécutifs (nuits et journées), et qui constitue un risque sanitaire particulier, notamment pour les publics les plus vulnérables (personnes âgées, etc.).
Le niveau de vigilance établi par Météo France (vert, jaune, orange ou rouge) dépend de l'intensité du phénomène de chaleur observé.
Ce niveau détermine spécifiquement le degré de vigilance incombant aux employeurs, et les actions qu'ils sont tenus de mettre en place.
Quels sont les risques pour la population exposée à des vagues de chaleur intenses ?
L'exposition à des chaleurs intenses, qui plus est durables, fait courir de nombreux risques sanitaires aux personnes concernées : sueurs abondantes, crampes, déshydratation, fatigue intense, nausées, coup de chaleur, étourdissements, etc.
3.700 décèsSur les épisodes de canicule de l'été 2024
🚨 Les maux sont nombreux et doivent impérativement être pris au sérieux le plus rapidement possible. Pour mémoire, selon Santé publique France, le nombre de décès attribuables à une exposition de la population à la chaleur sur l'ensemble de la période de surveillance de l'été 2024 s'est élevé à 3.700, soit plus de 2 % de la mortalité toutes causes observée.
Quels sont vos droits en cas de canicule, en tant que salarié, et quelles précautions devez-vous prendre ?
Quels bons réflexes dois-je adopter, en tant que salarié, en cas de fortes chaleurs sur mon lieu de travail ?
En cas d'alerte canicule, vous avez le droit, en tant que salarié, de vous protéger de la chaleur ou du soleil, notamment :
- en restant le plus possible à l'abri et en vous rendant, dès que nécessaire, dans un espace climatisé ou plus frais (par exemple pour prendre votre repas ou votre pause) ;
- en portant des vêtements légers au travail et de couleur claire qui absorbent l'humidité, mais aussi en vous couvrant la tête lorsque vous vous trouvez à l'extérieur ;
- en vous rafraîchissant avec un linge humide ou un brumisateur ;
- en buvant régulièrement de l'eau ou toute autre boisson sans alcool (jus de fruits, infusions, etc.) même si vous n'avez pas soif, manger léger et en fractionnant vos repas ;
- en demandant à votre employeur, si cela est possible, de mettre en place du télétravail .
Puis-je refuser de venir travailler s'il fait trop chaud ?
En principe, non : la loi ne prévoit aucune disposition permettant aux salariés de ne pas venir travailler lorsque les températures sont trop élevées.
Néanmoins, vous pouvez quitter votre poste de travail si vous estimez qu'en raison de la chaleur, vous encourez, malgré toutes les précautions prises, un danger grave et imminent pour votre santé : concrètement, il s'agit d'exercer votre droit de retrait (1).
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Quelle est la température maximale autorisée pour venir travailler ?
De la même manière, aucune température maximale au-delà de laquelle il est interdit de travailler n'est fixée par le Code du travail. En principe, vous devez donc venir au travail, quelle que soit la température ambiante.
Le travail par fortes chaleurs et notamment au-dessus de 33 °C présente des dangers
Selon l'INRS
Pour en savoir plus sur les différents niveaux de vigilance établis par Météo France, consultez notre dossier dédié !
Bon à savoir : l'exposition prolongée à la chaleur peut être reconnue comme une maladie professionnelle.
Quelles sont les obligations de votre employeur face aux fortes chaleurs ?
Les mesures préventives minimales obligatoires (mise à jour du DUERP, renouvellement de l'air, mise à disposition d'eau, etc.)
Un nouveau décret, relatif à la protection des travailleurs contre les risques liés à la chaleur, entrera en vigueur le 1er juillet 2025 en même temps que l'arrêté prévu pour son application (2).
Ce dernier a pour objectif de renforcer les obligations des employeurs en matière de prévention du risque de chaleur.
Les employeurs devront, notamment :
- faire évoluer l'organisation du travail en mettant en place des mesures visant à adapter les horaires, suspendre les tâches pénibles aux heures les plus chaudes, ajuster les périodes de repos ;
- aménager les postes de travail ;
- augmenter la mise à disposition des travailleurs, d'eau potable fraîche (3) ;
- fournir des équipements adaptés (lunettes, vêtements respirants ou rafraîchissants, etc.) ;
- accorder une attention particulière aux travailleurs vulnérables tels que les femmes enceintes ou les travailleurs handicapés ;
- veiller, dans le cas de locaux fermés de manière permanente ou non, à ce que l'air soit renouvelé et ventilé afin d'éviter les élévations exagérées de température (4) ;
- etc.
Pour rappel, l'employeur est légalement tenu d'assurer la sécurité et la santé physique et mentale des travailleurs (5). On parle "d'obligation de sécurité" de l'employeur à l'égard de ses salariés.
Par exemple, votre employeur est tenu de prendre en compte et de retranscrire dans le document unique d'évaluation des risques (DUERP) les risques liés aux fortes chaleurs.
💡Vous êtes employeur ? Découvrez vos obligations particulières en cas de canicule : Plan canicule en entreprise : les obligations de l'employeur
Le cas particulier des entreprises du bâtiment et des travaux public (BTP) en cas de canicule ou forte chaleur
Lorsque des conditions particulières de travail conduisent les travailleurs à se désaltérer fréquemment (notamment dans le secteur du BTP), l'employeur est tenu de mettre gratuitement à leur disposition au moins une boisson non alcoolisée. La liste des postes de travail concernés est établie par l'employeur en concertation avec les membres du CSE et le médecin du travail (6).
👷♂️ Pour les travailleurs du BTP tout particulièrement, l'employeur doit aussi (7) :
- prévoir un local de repos adapté aux conditions climatiques ou aménager le chantier pour permettre aux travailleurs de prendre des pauses dans de bonnes conditions ;
- mettre à disposition 3 litres d'eau par jour et par salarié ;
- fournir toutes les protections individuelles nécessaires à ses salariés travaillant en extérieur.
💡 Vous êtes employeur dans le secteur du BTP ? Cette actualité pourrait aussi vous intéresser : Entreprises du BTP : vos obligations en matière de sécurité
Les pistes de réflexion complémentaires que votre employeur doit explorer en cas de chaleur intense
Outre les nouvelles obligations incombant à l'employeur, précédemment évoquées, si les vagues de chaleur successives s'intensifient, il est possible d'arrêter le travail.
En effet, en cas de température trop élevé et si les travaux à réaliser comportent une charge physique importante, il est possible, sous conditions, de prétendre au bénéfice du dispositif de chômage partiel .
D'une manière générale, l'employeur est tenu de suivre les recommandations, notamment s'ils relèvent d'un secteur particulièrement exposé au risque de canicule et aux ambiances thermiques (restauration, boulangerie, pressing, travail en extérieur, etc.).
Il est donc important qu'il se renseigne au niveau national et local, en fonction de son secteur d'activité et de la localisation de son entreprise.
Quel recours ont les salariés dont l'employeur ne prend pas les mesures nécessaires en période de chaleur intense ?
Le salarié peut, en cas de manquements de son employeur à son obligation de sécurité et de santé :
- saisir l'inspection du travail ;
- saisir le comité social et économique (CSE d'entreprise) ou le délégué du personnel ;
- exercer son droit de retrait s'il estime que sa situation de travail représente un danger grave et imminent pour sa vie ou sa santé.
Quand et comment exercer votre droit de retrait en cas de fortes chaleurs ?
Si l'employeur ne prend pas les mesures nécessaires pour protéger la santé et sécurité des travailleurs, ou si malgré les précautions prises, ceux-ci ont un motif raisonnable de penser que l'extrême chaleur dans laquelle ils travaillent présente un danger grave et imminent pour leur santé, ils peuvent exercer leur droit de retrait (1).
💡 Exemple :
Marc 🧑🔧 occupe un poste de préparateur de commandes, dont le rythme est intense, dans un entrepôt dans lequel la température intérieure dépasse 33 degrés et dans lequel il n'y a ni climatisation, ni ventilation. Son employeur ne met pas d'eau à sa disposition. Les risques de malaises et de perte de connaissance sont élevés. Il existe potentiellement un danger grave et imminent pour sa santé. Malgré l'alerte donnée à son employeur, celui-ci n'a pris aucune mesure particulière.
À retenir : L'appréciation des risques liés aux fortes chaleurs se fait au cas par cas. En fonction du secteur dans lequel le salarié travaille, les fortes chaleurs sont plus facilement supportables et l'exercice du droit de retrait n'est pas forcément justifié.
Enzo 🏊♂️ travaille en tant que maître-nageur dans une piscine municipale. Il dispose d'un parasol, d'eau et d'une tenue légère. A priori, l'exercice de son activité en milieu aquatique, malgré les 35 degrés affichés au thermomètre, ne présente pas de danger particulier pour sa santé et sa sécurité.
Comment l'employeur doit-il réagir face à l'exercice, par un salarié, de son droit de retrait ?
L'employeur ne peut pas demander au travailleur qui a fait usage de son droit d'alerte et de retrait de reprendre son activité, si le danger grave et imminent persiste.
⚠ En outre, il ne peut prendre aucune sanction, ni procéder à une retenue sur salaire à l'encontre du salarié qui s'est retiré d'une situation de travail dont il avaient un motif raisonnable de penser qu'elle présentait un danger grave et imminent pour sa vie ou sa santé (8).
L'employeur doit, en revanche, prendre toutes les dispositions nécessaires pour mettre un terme à la situation de travail dangereuse.
Pour en savoir plus sur votre droit de retrait, consultez notre dossier dédié !
Références :
(1) Article L4131-1 du Code du travail
(2) Décret n° 2025-482 du 27 mai 2025 relatif à la protection des travailleurs contre les risques liés à la chaleur
(3) Article R4225-2 du Code du travail
(4) Articles R4222-1 et R4223-13 du Code du travail
(5) Article L4121-1 du Code du travail
(6) Article R4225-3 du Code du travail
(7) Articles R4534-137 et s. du Code du travail
(8) Article L4131-3 du Code du travail
Bien dans sa globalité, manques des exemples plus parlant (je sais c'est pas facile)