Bref rappel sur les arrêts maladie : motif/raison, indemnités journalières, etc.
Arrêt maladie : nature et définition
On parle d'arrêt maladie pour désigner ne période de suspension du contrat de travail en raison d'une maladie ou d'un accident, qui peut être :
- d'origine professionnelle ;
- d'origine non-professionnelle.
Dans tous les cas, l'arrêt maladie doit faire l'objet d'une prescription médicale.
Le salarié en arrêt maladie a-t-il droit à des indemnités journalières (IJ) de la part de la CPAM ?
L'indemnisation perçue par le salarié en arrêt maladie dépend de la nature de celui-ci (origine professionnelle ou non professionnelle).
Prenons le cas d'un salarié en arrêt maladie non professionnelle : s'il remplit les conditions de travail et de cotisation nécessaires, il a droit au versement d'indemnités journalières égales à 50% du salaire journalier de base, lui même égale au total des 3 derniers salaires bruts perçus avant l'arrêt de travail, divisé par 91,25 (1).
51,70 euros brutsMontant maximum des IJ
Les IJ ne peuvent pas dépasser 51,70 euros bruts.
Par principe, les IJ ne sont versées qu'après l'observation d'un délai de carence de 3 jours.
Quel pourcentage/complément du salaire est touché par le salarié ?
Un complément de salaire peut être versé au salarié en arrêt maladie non-professionnelle, après observation d'un délai de carence de 7 jours de principe (sauf dispositions conventionnelles contraires) si (2) :
- il a au moins 1 an d'ancienneté dans l'entreprise ;
- il a transmis son certificat médical à son employeur dans les 48h ;
- il bénéficie des IJ de la Sécurité sociale ;
- il est soigné en France ou dans l'un des Etats membres de l'Espace économique européen (EEE) ;
- il n'est pas travailleur à domicile, salarié saisonnier, intermittent ou temporaire.
Le complément de salaire versé par l'employeur et ajouté aux IJ permet un maintien de salaire égal :
- à 90 % de la rémunération brute du salarié concerné, sur les 30 à 90 premiers jours d'arrêt ;
- à 66,66% de sa rémunération brute, sur les 30 à 90 jours d'arrêts suivants.
Taux d'absentéisme maladie en hausse : quelle est l'ampleur du problème en France ?
Le taux d'absentéisme désigne, selon le rapport WTW, le nombre de jours passés en arrêt de travail sur une période donnée rapportée au nombre total de jours calendaires sur la période.
Ce taux d'absentéisme, sur l'ensemble des salariés en 2022, était de 5,3 % : plus concrètement, 42 % des salariés ont ainsi été absents au moins 1 fois en 2022.
Les catégories les plus touchées : les jeunes et les managers
L'absentéisme pour maladie affecte particulièrement 2 catégories de salariés :
- les jeunes ;
- et les managers.
Selon l'étude de Malakoff Humanis, 58 % des jeunes salariés ont été absents pour cause de maladie, ce qui représente une augmentation de 12 points du taux d'absentéisme par rapport à l'année précédente.
Selon WTW, le taux d'absentéisme général des 20-30 ans était de 2,7 % en 2019, contre 3,4 % en 2022.
Parmi les raisons qui expliquent cette tendance, on note que les jeunes salariés sont confrontés à des défis spécifiques, tels que l'adaptation à un nouvel environnement professionnel et la pression liée aux responsabilités croissantes.
De même, les managers ont enregistré une hausse significative (13 points) avec 53 % d'entre eux ayant pris au moins un arrêt de travail pour cause de maladie en 2022.
Ces derniers sont souvent exposés à un niveau élevé de stress et de pression, liés à la gestion des équipes et à la conciliation entre vie professionnelle et vie personnelle.
L'étude menée par WTW souligne que les cadres et les professions intermédiaires ne sont en effet pas épargnés par ce phénomène de progression de l'absentéisme, pourtant peu concernés jusqu'alors (+ 14 % par rapport à 2021).
Les causes les plus fréquentes : maladie ordinaire, Covid-19, troubles psychologiques et troubles musculosquelettiques
Selon l'étude de Malakoff Humanis (3), toutes durées confondues, la maladie ordinaire (soit non-professionnelle) demeure la première cause des arrêts de travail, représentant 28 % des cas (21 % en 2021).
L'arrêt de travail dû au Covid-19 est également fréquent, représentant 17 % des cas. La pandémie a eu un impact considérable sur la santé des salariés, nécessitant des périodes d'isolement et de convalescence. Cela a contribué à accroître le taux d'absentéisme dans de nombreuses organisations.
Les troubles psychologiques sont également une cause préoccupante d'absentéisme. Ils constituent le premier motif des arrêts de travail longs, c'est-à-dire ceux dépassant 30 jours. Ces arrêts de travail pour troubles psychologiques ont été multipliés par deux au cours des trois dernières années, passant de 14 % en 2020 à 32 % en 2022. Cette augmentation souligne les défis croissants liés à la préservation de la santé mentale au sein des milieux professionnels. L'étude WTW met en avant, en tant que causes à ces troubles, le stress, le manque de valorisation, la charge mentale, le rythme de travail, les relations avec les collègues, le manquement d'épanouissement, etc.
Enfin, les troubles musculo-squelettiques sont également identifiés comme une cause fréquente des arrêts de travail, représentant 13 % des cas. Ces problèmes de santé liés à la posture, aux mouvements répétitifs ou à des conditions de travail physiquement exigeantes peuvent entraîner des arrêts maladie prolongés.
Ces différentes causes d'absentéisme maladie dévoilent la nécessité de prendre des mesures pour améliorer la santé et le bien-être des salariés.
Comment l'absentéisme maladie affecte-t-il le travail et le fonctionnement des entreprises en France ?
Quelles conséquences de cet absentéisme pour les salariés ?
Les conséquences de cet absentéisme pour les salariés sont significatives et peuvent avoir un impact considérable sur leur vie professionnelle et leur bien-être. Voici quelques-unes des conséquences possibles :
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impact sur la charge de travail et la pression sur les salariés présents : lorsqu'un grand nombre de collègues ont recours à l’arrêt maladie, les employés sur site peuvent se retrouver avec une charge de travail accrue. Ils doivent souvent assumer des responsabilités supplémentaires liées à des tâches et des projets non exécutés par l'absent. Cette situation peut entraîner une surcharge de travail, une augmentation du stress et une pression supplémentaire sur les salariés présents ;
-
répercussions sur la qualité de vie au travail : une charge de travail excessive et des attentes élevées peuvent entraîner une détérioration de la santé mentale, telle que le stress, l'anxiété et l'épuisement professionnel (risque de burn-out). Ces conditions peuvent également affecter la satisfaction professionnelle des employés, diminuant leur motivation et leur engagement au travail ;
-
possibilité d'une détérioration des relations professionnelles : lorsque des absences répétées se produisent au sein d'une équipe ou d'un service, cela peut entraîner une détérioration des relations professionnelles. Les salariés présents peuvent ressentir de la frustration, de l'irritation ou un sentiment d'injustice en raison de la charge de travail supplémentaire qu'ils doivent assumer. De plus, le manque de stabilité causé par les arrêts de travail fréquents peut créer un sentiment d'insécurité quant à l'avenir de l'équipe ou de l'organisation.
Quelles conséquences pour les employeurs ?
Les conséquences de l'absentéisme pour les employeurs sont également significatives et peuvent avoir un impact sur différents aspects de leur activité. En voici quelques exemples :
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perte de productivité due à l'absence fréquente des salariés : lorsque les salariés sont absents de manière récurrente, cela entraîne une diminution de la productivité globale de l'entreprise. Les tâches et les projets peuvent prendre plus de temps à être accomplis, les délais peuvent être manqués et les performances générales de l'entreprise peuvent en souffrir ;
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coûts financiers liés aux indemnités journalières et à la gestion des remplacements : l'absentéisme entraîne des coûts financiers pour les employeurs. Ils doivent assumer le versement des indemnités journalières aux salariés en arrêt maladie, ce qui peut représenter une charge importante. De plus, la nécessité de trouver des remplaçants temporaires ou de redistribuer les tâches en attendant la reprise d'activité du salarié peut entraîner des coûts supplémentaires liés à la gestion des ressources humaines ;
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défis de planification et de réorganisation du travail pour compenser les absences : l'absentéisme pose des défis en termes de planification et de réorganisation du travail. Les employeurs doivent trouver des solutions pour assurer la continuité des activités et maintenir la qualité des services malgré les absences. Cela peut nécessiter des efforts supplémentaires pour réaffecter les tâches, redistribuer la charge de travail et organiser des remplacements, ce qui peut être source de complexité et de perturbations dans l'organisation ;
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impact sur la réputation de l'entreprise en termes d'image et de qualité de service : si l'absentéisme conduit à une diminution de la qualité des services ou à des retards dans les livraisons, cela peut nuire à la satisfaction des clients et à l'image de l'entreprise. Une mauvaise réputation peut avoir des conséquences à long terme sur la fidélité des clients et la perception du public vis-à-vis de l'entreprise.
Il est essentiel pour les employeurs de mettre en place des mesures pour gérer et réduire la fréquence selon laquelle leurs salariés font l'objet d'un arrêt de travail au sein de leur organisation.
Cela peut impliquer la promotion de politiques favorables à la santé et au bien-être des salariés, la mise en place de programmes de prévention des maladies, l'encouragement d'une culture de travail équilibrée et le soutien aux salariés en matière de gestion du stress.
Prévention et régulation de l'absentéisme maladie : comment faire face à ce défi ?
Selon l'étude de Malakoff Humanis, dans plus de 8 cas sur 10, les salariés ont ressenti des signes avant-coureurs au cours des 2 années précédant leur arrêt long, tels qu'une fatigue excessive ou une surcharge de travail. Il est donc essentiel de mettre en place des mesures préventives pour réduire l'absentéisme. Moins de la moitié des salariés estiment que leur entreprise a mis en place des actions de prévention, ce qui souligne l'importance d'améliorer les initiatives dans ce domaine.
Les dirigeants sont de plus en plus nombreux à reconnaître l'importance de la prévention et de l'accompagnement des arrêts maladie, avec 79 % d'entre eux déclarant avoir mis en place au moins un dispositif de prévention. Cependant, il reste encore du chemin à parcourir pour impliquer davantage les salariés dans la prévention de l'absentéisme.
Faire évoluer l'organisation du travail : une piste à explorer ?
Selon les salariés, l'évolution de l'organisation du travail est considérée comme le principal levier de prévention de l'absentéisme. Les dirigeants, quant à eux, mettent l'accent sur la sensibilisation et la formation des salariés et des managers aux problèmes liés à l'absentéisme.
Ces deux approches complémentaires soulignent l'importance d'une culture d'entreprise axée sur la santé et le bien-être, ainsi que sur la responsabilisation des salariés dans la gestion de leur propre santé.
Favoriser le dialogue, les échanges informels et récréatifs....
Les médecins du travail et les médecins traitants mettent également en avant l'importance d'un meilleur dialogue entre toutes les parties prenantes. Ils insistent sur l'importance de l'accompagnement des fragilités sociales, la prévention santé, ainsi que l'amélioration de la coordination médicale et de l'accès aux soins pour une prise en charge plus rapide des patients. De plus, 60 % des médecins du travail proposent le temps partiel thérapeutique ou "mi-temps thérapeutique" comme solution pour faciliter un retour durable au travail et prévenir le risque de désinsertion professionnelle.
Développement de moments de convivialités entre collaborateurs, formation des managers à la gestion des absence, communication sur la santé (sommeil, alimentation...), ergonomie des postes de travail, services de santé et bien être au travail (kiné, ostéo, sophro...), sensibilisation des collaborateurs... sont autant de solutions soulignées par le rapport de WTW (4).
En mettant en place ces mesures préventives, les entreprises peuvent réduire le taux d'absentéisme, renforcer l'attachement des employés à l'entreprise et favoriser leur bien-être et leur santé.
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