Pourquoi parle-t-on de grande démission ? Qu'est-ce que le phénomène de la "Grande démission" importé des Etats-Unis ?

La "Grande démission", phénomène aussi appelé "The Great Resignation" ou "Big Quit" est un phénomène importé tout droit des Etats-Unis.

Suite à la crise sanitaire du Covid-19, ils ne seraient pas moins de 47 millions d'américains a avoir quitté leur travail en 2021.

D'une ampleur plus mesurée, la France connait elle aussi un taux de démission historiquement haut depuis plusieurs mois, à tel point que l'on parle ici aussi de "Grande démission".

520.000 démissions par trimestre

C'est ainsi que fin 2021 et début 2022, le nombre de démissionnaires a atteint un niveau historiquement haut, avec près de 520.000 démissions par trimestre, dont 470.000 démissions de CDI, selon une étude de bola DARES (1). Par rapport à fin 2019, cela représente une hausse de 20%.

Néanmoins, si le taux de démission est certes élevé, il n'est pas inédit. Bien qu'il ait atteint 2,7% au 1er trimestre 2022 en France, il reste en deçà du taux de démission que l'on a connu au début de la crise financière de 2008 puisqu'il était alors de 2,9%.

Quelle différence entre Grande démission et Quiet Quitting ?

Bon à savoir :

La Grande Démission n'a rien à voir avec cette nouvelle tendance importée à encore des Etats-Unis et qui se développe, appelée "Démission silencieuse" ou "Quiet quitting". On observe depuis peu, un nouveau phénomène qui consiste en une forme de détachement vis-à-vis de son travail. Il s'agit de faire simplement ce pour quoi l'on est payé afin de se protéger contre un possible licenciement, et rien de plus. Pour les salariés qui adoptent cette attitude, loin d'eux l'idée de mal faire leur travail. Ils n'ont simplement plus envie de se dévouer corps et âme pour leur entreprise dans l'espoir d'obtenir une promotion ou une augmentation de salaire. Leur priorité est à un meilleur équilibre entre leur vie de famille et leur vie professionnelle.

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Pourquoi les entreprises en France font-elles face à un taux de démission historiquement haut ? Quelles en sont les causes ?

Selon la DARES, ces chiffres de la démission reflètent le contexte économique dans lequel se trouve la France depuis quelques mois.

Le taux de démission est un indicateur cyclique.

En période de crise, les salariés sont plus frileux au changement et ne prennent pas le risque de démissionner s'ils ne sont pas certains de retrouver un autre emploi derrière.

Mais, en période de reprise économique, la tendance s'inverse. Les salariés sont davantage enclins au changement.

La crise Covid-19 passée, l'économie en France a redémarré rapidement, créant de nouvelles opportunités pour les salariés qui en toute logique, profitent du dynamisme du marché de l'emploi.

A ce titre, 8 salariés démissionnaires en CDI sur 10 retrouvent un travail dans les 6 mois qui suivent. D'ailleurs, le taux d'emploi en France est plus élevé qu'avant la crise sanitaire. Il était en effet de 68% au 1er trimestre 2022 et il continue a priori de progresser.

Il reflète le dynamisme du marché du travail, et une situation dans laquelle le pouvoir de négociation se modifie en faveur des salariés. Dans un contexte de difficultés de recrutement toujours élevées, les salaires d'embauche sont susceptibles d'augmenter, en particulier pour les personnes nouvellement démissionnaires.

DARES

Les raisons qui poussent de plus en plus de salariés à quitter leur emploi sont multiples, mais certaines reviennent plus souvent que d'autres.

Bien évidemment, la rémunération est l'un des facteurs motivant les salariés a démissionner pour trouver mieux ailleurs, mais ce n'est pas l'unique raison.

L'une des principales motivations de ces démissionnaires, c'est d'améliorer leurs conditions de travail et donc leurs conditions de vie. Ils aspirent à avoir accès à un meilleur équilibre entre leur vie professionnelle et personnelle.

Il s'agit également pour certains salariés, de trouver un sens à leur métier. Ils sont nombreux à quitter leur emploi car ils ne trouvent plus de sens à ce qu'ils font et estiment ne pas avoir d'impact positif sur la société.

Ces emplois ce sont notamment ce que l'on appelle les "bullshit job", en français "job à la con". Quand certains considèrent que ce sont des métiers inutiles, d'autres tempèrent leurs propos et s'interrogent : "que se passerait-il si ces métiers n'existaient pas ?".

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Comment les entreprises doivent gérer cette vague de démission ? 

A l'heure où ce ne sont plus les entreprises qui font le marché du travail mais les salariés, un nouveau défi de taille s'impose désormais aux entreprises : développer leur attractivité et soigner leur réputation

Travailler sa marque employeur 

Les entreprises doivent en effet sortir du lot, faire parler d'elles et séduire aussi bien les collaborateurs en place que les potentiels candidats afin de recruter et fidéliser les meilleurs talents.

C'est pourquoi, il est aujourd'hui indispensable pour les entreprises de travailler leur marque employeur.

Bon à savoir :

La marque employeur est un concept qui regroupe la notion de réputation de l'entreprise, les valeurs qu'elle défend mais également sa capacité à communiquer et à parler d'elle, aussi bien en interne auprès des collaborateurs mais également à l'externe, auprès de potentiels candidats, partenaires commerciaux ou encore sponsors.

Soigner sa marque employeur implique nécessairement que l'image mise en valeur par l'entreprise soit cohérente avec la perception qu'en ont les collaborateurs vue de l'intérieur.

Pour ne pas décevoir vos collaborateurs et futurs collaborateurs, transparence et sincérité doivent être vos meilleurs alliés. Rien de plus décevant pour un salarié ou un candidat de découvrir ce qui se cache sous une fausse image !

Revoir son style de management 

A l'heure actuelle, il est indispensable de prendre en compte le ressenti qu'ont les salariés par rapport aux conditions de travail et aux relations humaines au sein de l'entreprise.

Plusieurs indicateurs permettent d'évaluer la santé humaine et sociale des salariés d'une entreprise, notamment l'ancienneté moyenne des salariés ou encore le taux de turn-over et d'absentéisme des salariés.

Il suffit parfois de peu pour maintenir un bon niveau de climat social dans l'entreprise. Voici quelques outils qui peuvent y contribuer :

  • accorder de la flexibilité et de l'autonomie aux salariés en leur proposant du télétravail ou tout du moins un mode de travail hybride mixant bureau et travail à domicile ;
  • favoriser la formation professionnelle des salariés afin de leur ouvrir de nouvelles perspectives d'évolution ;
  • proposer une rémunération attractive ou tout du moins des avantages supplémentaires par rapport aux autres entreprises appartenant au même secteur que la vôtre (jours de congés supplémentaires, primes, challenges avec à la clé des récompenses, titres restaurant et autres avantages en nature, services tels que les crèches ou conciergerie...) ;
  • revoir son style de management pour assurer efficacité et bien-être au travail.

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Référence :
(1) Etude de la DARES, La France vit-elle une "Grande démission" ?