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Webconférence gratuite le 25/04 : Accidents du travail : quelles nouveautés pour les employeurs ? 

Notre juriste Alexandra Marion décryptera le sujet et répondra à vos questions, notamment :
Les nouveautés : quels seront les impacts pour les employeurs suite aux annonces de Bruno Lemaire ?
Vos obligations de prévention
Votre taux de cotisations AT/MP
La déclaration : formalités, délai, sanctions...
L'accident bénin, l'accident en télétravail, l'accident mortel

Rendez-vous le 25 avril 2024 à 14h !

Taux d'absentéisme maladie en hausse : quelle est l'ampleur du problème en France ? Pourquoi le nombre d'arrêts de travail augmente ?

Le taux d'absentéisme désigne, selon le rapport WTW, le nombre de jours passés en arrêt de travail sur une période donnée rapportée au nombre total de jours calendaires sur la période.

Ce taux d'absentéisme, sur l'ensemble des salariés en 2022, était de 5,3 % : plus concrètement, 42 % des salariés ont ainsi été absents au moins 1 fois en 2022.

Les catégories les plus touchées : les jeunes et les managers

L'absentéisme pour maladie affecte particulièrement 2 catégories de salariés :

  • les jeunes ;
  • et les managers.

Selon l'étude de Malakoff Humanis, 58 % des jeunes salariés ont été absents pour cause de maladie, ce qui représente une augmentation de 12 points du taux d'absentéisme par rapport à l'année précédente.

Selon WTW, le taux d'absentéisme général des 20-30 ans était de 2,7 % en 2019, contre 3,4 % en 2022.

Parmi les raisons qui expliquent l'augmentation des arrêts, on note que les jeunes salariés sont confrontés à des défis spécifiques, tels que l'adaptation à un nouvel environnement professionnel et la pression liée aux responsabilités croissantes.

De même, les managers ont enregistré une hausse significative (13 points) avec 53 % d'entre eux ayant pris au moins un arrêt de travail pour cause de maladie en 2022.

Ces derniers sont souvent exposés à un niveau élevé de stress et de pression, liés à la gestion des équipes et à la conciliation entre vie professionnelle et vie personnelle.

L'étude menée par WTW souligne que les cadres et les professions intermédiaires ne sont en effet pas épargnés par ce phénomène de progression de l'absentéisme, pourtant peu concernés jusqu'alors (+ 14 % par rapport à 2021). On observe en effet une augmentation des arrêts de travail parmi cette population.

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Les motifs les plus fréquents : maladie ordinaire, Covid-19, troubles psychologiques et troubles musculo-squelettiques

Selon l'étude de Malakoff Humanis (3), toutes durées confondues, la maladie ordinaire (soit non-professionnelle) demeure la première cause des arrêts de travail, représentant 28 % des cas (21 % en 2021).

L'arrêt de travail dû au Covid-19 est également fréquent, représentant 17 % des cas. La pandémie a eu un impact considérable sur la santé des salariés, nécessitant des périodes d'isolement et de convalescence. Cela a contribué à accroître le taux d'absentéisme dans de nombreuses organisations.

Les troubles psychologiques (tels que le burn-out) sont également une cause préoccupante d'absentéisme. Ils constituent le premier motif des arrêts de travail longs, c'est-à-dire ceux dépassant 30 jours. Ces arrêts de travail pour troubles psychologiques ont été multipliés par deux au cours des trois dernières années, passant de 14 % en 2020 à 32 % en 2022. Cette augmentation des troubles psychologiques souligne les défis croissants liés à la préservation de la santé mentale au sein des milieux professionnels. L'étude WTW met en avant, en tant que causes à ces troubles, le stress, le manque de valorisation, la charge mentale, le rythme de travail, les relations avec les collègues, le manquement d'épanouissement, etc.

Enfin, les troubles musculo-squelettiques (TMS) sont également identifiés comme une cause fréquente des arrêts de travail, représentant 13 % des cas. Ces problèmes de santé liés à la posture, aux mouvements répétitifs ou à des conditions de travail physiquement exigeantes peuvent entraîner des arrêts maladie prolongés. Les TMS font d'ailleurs bien souvent l'objet d'une prise en charge au titre d'une maladie professionnelle.

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Ces différentes causes d'absentéisme maladie dévoilent la nécessité de prendre des mesures pour améliorer la santé et le bien-être des salariés.

Comment l'absentéisme maladie affecte-t-il le travail et le fonctionnement des entreprises en France ?

Quelles conséquences de cet absentéisme pour les salariés présents dans l'enteprise ?

Les conséquences de cet absentéisme pour les salariés sont significatives et peuvent avoir un impact considérable sur leur vie professionnelle et leur bien-être. Parmi celles-ci figurent notamment :

  • l'impact sur la charge de travail et la pression sur les salariés présents : lorsqu'un grand nombre de collègues ont recours à l’arrêt maladie, les employés sur site peuvent se retrouver avec une charge de travail accrue. Ils doivent souvent assumer des responsabilités supplémentaires liées à des tâches et des projets non exécutés par l'absent. Cette situation peut entraîner une surcharge de travail, une augmentation du stress et une pression supplémentaire sur les salariés présents ;

  • les répercussions sur la qualité de vie au travail : une charge de travail excessive et des attentes élevées peuvent entraîner une détérioration de la santé mentale, telle que le stress, l'anxiété et l'épuisement professionnel (risque de burn-out). Ces conditions peuvent également affecter la satisfaction professionnelle des employés, diminuant leur motivation et leur engagement au travail ;

  • la possibilité d'une détérioration des relations professionnelles : lorsque des absences répétées se produisent au sein d'une équipe ou d'un service, cela peut entraîner une détérioration des relations professionnelles. Les salariés présents peuvent ressentir de la frustration, de l'irritation ou un sentiment d'injustice en raison de la charge de travail supplémentaire qu'ils doivent assumer. De plus, le manque de stabilité causé par les arrêts de travail fréquents peut créer un sentiment d'insécurité quant à l'avenir de l'équipe ou de l'organisation.

Quelles conséquences pour les employeurs ?

Les conséquences de l'absentéisme pour les dirigents d'entreprise sont également significatives et peuvent avoir un impact sur différents aspects de leur activité, notamment :

  • une perte de productivité due à l'absence fréquente des salariés : lorsque les salariés sont absents de manière récurrente, cela entraîne une diminution de la productivité globale de l'entreprise. Les tâches et les projets peuvent prendre plus de temps à être accomplis, les délais peuvent être manqués et les performances générales de l'entreprise peuvent en souffrir ;

  • des coûts financiers liés au versement d'indemnités complémentaires à celles versées par la Sécurité sociale (indemnités journalières) et à la gestion des remplacements. La nécessité de trouver des remplaçants temporaires ou de redistribuer les tâches en attendant la reprise d'activité du salarié peut entraîner des coûts supplémentaires liés à la gestion des ressources humaines ;

  • des défis de planification et de réorganisation du travail pour compenser les absences : l'absentéisme au travail pose des défis en termes de planification et de réorganisation du travail. Les employeurs doivent trouver des solutions pour assurer la continuité des activités et maintenir la qualité des services malgré les absences. Cela peut nécessiter des efforts supplémentaires pour réaffecter les tâches, redistribuer la charge de travail et organiser des remplacements, ce qui peut être source de complexité et de perturbations dans l'organisation ;

  • un impact sur la réputation de l'entreprise en termes d'image et de qualité de service : si l'absentéisme conduit à une diminution de la qualité des services ou à des retards dans les livraisons, cela peut nuire à la satisfaction des clients et à l'image de l'entreprise. Une mauvaise réputation peut avoir des conséquences à long terme sur la fidélisation des clients et la perception du public vis-à-vis de l'entreprise.

Il est essentiel pour les employeurs de mettre en place des mesures pour gérer et réduire la fréquence selon laquelle leurs salariés font l'objet d'un arrêt de travail au sein de leur organisation.

Cela peut impliquer la promotion de politiques favorables à la santé et au bien-être des salariés, la mise en place de programmes de prévention des maladies, l'encouragement d'une culture de travail équilibrée et le soutien aux salariés en matière de gestion du stress

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Prévention et régulation de l'absentéisme maladie : comment faire face à ce défi ?

Selon l'étude de Malakoff Humanis, dans plus de 8 cas sur 10, les salariés ont ressenti des signes avant-coureurs au cours des 2 années précédant leur arrêt long, tels qu'une fatigue excessive ou une surcharge de travail. Il est donc essentiel de mettre en place des mesures préventives pour réduire l'absentéisme. Moins de la moitié des salariés estiment que leur entreprise a mis en place des actions de prévention, ce qui souligne l'importance d'améliorer les initiatives dans ce domaine.

Les dirigeants sont de plus en plus nombreux à reconnaître l'importance de la prévention et de l'accompagnement des arrêts maladie, avec 79 % d'entre eux déclarant avoir mis en place au moins un dispositif de prévention. Cependant, il reste encore du chemin à parcourir pour impliquer davantage les salariés dans la prévention de l'absentéisme.

Faire évoluer l'organisation du travail : une piste à explorer ? 

Selon les salariés, l'évolution de l'organisation du travail est considérée comme le principal levier de prévention de l'absentéisme. Les dirigeants, quant à eux, mettent l'accent sur la sensibilisation et la formation des salariés et des managers aux problèmes liés à l'absentéisme.

Ces deux approches complémentaires soulignent l'importance d'une culture d'entreprise axée sur la santé et le bien-être, ainsi que sur la responsabilisation des salariés dans la gestion de leur propre santé.

Favoriser le dialogue, les échanges informels et récréatifs....

Les médecins du travail et les médecins traitants mettent également en avant l'importance d'un meilleur dialogue entre toutes les parties prenantes. Ils insistent sur l'importance de l'accompagnement des fragilités sociales, la prévention santé, ainsi que l'amélioration de la coordination médicale et de l'accès aux soins pour une prise en charge plus rapide des patients.

De plus, 60 % des médecins du travail proposent le temps partiel thérapeutique ou "mi-temps thérapeutique" comme solution pour faciliter un retour durable au travail et prévenir le risque de désinsertion professionnelle.

Développement de moments de convivialités entre collaborateurs, formation des managers à la gestion des absence, communication sur la santé (sommeil, alimentation...), ergonomie des postes de travail, services de santé et bien être au travail (kiné, ostéo, sophro...) et sensibilisation des collaborateurs sont autant de solutions proposées par le rapport de WTW (4).

En mettant en place ces mesures préventives, les entreprises peuvent réduire le taux d'absentéisme, renforcer l'attachement des employés à l'entreprise et favoriser leur bien-être et leur santé.

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Bon à savoir :

La lutte contre la dégradation de l'absentéisme sera donc un enjeu majeur des entreprises dans les mois et années à venir. Les dirigeants d'entreprise vont devoir trouver des solutions afin de fidéliser les nouvelles générations (partage de la valeur, équilibre entre la vie professionnelle et vie professionnelle, etc.), mais aussi rassurer les plus anciennes face au contexte économique, relève WTW (réforme des retraites, inflations, etc.).

Augmenter la durée du délai de carence : piste pour limiter l'absentéisme

Le Gouvernement envisage d'augmenter la durée du délai de carence, qui est actuellement de 3 jours, en cas d'arrêt pour maladie ou accident non professionnel.

L'objectif premier est de lutter contre les arrêts de travail abusifs (arrêt de travail de complaisance) mais aussi, l'occasion pour le Gouvernement de réaliser des économies et rééquilibrer les finances de l'Assurance maladie.

Le délai de carence pourrait ainsi passer de 3 jours à 4,6 ou 7 jours. Cela permettrait de réaliser une économie d'1 milliard d'euros par an.

Cette piste est en cours de réflexion du côté du Gouvernement, et pour l'heure, nous n'avons pas plus de détails.

Accidents mortels au travail : des chiffres en hausse, notamment chez les entreprises sous-traitantes

Les chiffres 2022/2023 et les secteurs les plus touchés  

En 2022, l'Assurance-maladie a fait état de plus de 744 000 accidents du travail reconnus en France, dont 738 accidents du travail mortels (soit un ratio de 2 décès par jour) (5). En 2023, se sont encore 661 personnes qui sont décédées au travail en France selon les chiffres de l’Organisation internationale du travail (OIT). 

Selon le rapport de l'Assurance-maladie, les accidents de travail (mortels et non mortels) surviennent en grande majorité au sein des activités relatives : 

  • à la santé, au nettoyage et au travail temporaire (29 %) ;
  • à l'alimentation (17 %) ;
  • au transport (15 %) ;
  • et au BTP (14 %).

D'après l'étude menée par la Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares), en lien avec l'Insee et le Ministère en charge du Travail (6), les salariés employés par des entreprises sous-traitantes sont davantage exposés aux risques professionnels, accidents de travail inclus. 

En effet, selon le rapport, le recours à la sous-traitance peut être utilisé comme un moyen d'extérioriser les risques professionnels, et "sous-traiter, par là même, les risques associés au travail".

Outre l'exposition accrue à des situations à risques, l'étude souligne les postures pénibles et la manipulation de charges lourdes qui, selon elle, concernent 2 fois plus d'entreprises sous-traitantes que celles donneuses d'ordre.

Parmi les facteurs aggravant les risques pesant sur les salariés des entreprises sous-traitantes figurent notamment les contraintes de temps, l'exigence de rendements élevés mais aussi le manque d'information des salariés, dont certains sont sans-papiers et dans une position de vulnérabilité vis-à-vis de leur employeur, en particulier lorsqu'ils ne maîtrisent pas la langue.

Est notamment lié à cette question la préparation des Jeux Olympiques 2024, qui doivent se dérouler à Paris cet été.

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Quelles sont les pistes envisagées par le Gouvernement pour faire baisser le nombre d'accidents du travail mortels ? Bientôt une nouvelle loi ?

Le Gouvernement avait lancé, le 25 septembre 2023, une campagne de communication, pour sensibiliser les entreprises sur la prévention des accidents du travail (avec affiches, dépliants, communiqués de presse, vidéos, spot radio, etc.). Le but étant de lutter contre les accidents du travail, encore trop fréquents en France.

Face au nombre d'accidents du travail mortels qui reste élevé, Gabriel Attal s'est saisit de cette question depuis sa nomination à la tête du Gouvernement. Il a en effet annoncé en mars 2024, vouloir lancer une grande initiative sur les accidents du travail pour en limiter le nombre et plus globalement améliorer la qualité de vie et les conditions de travail des salariés, notamment pour les métiers les plus pénibles.

Des discussions devraient avoir lieu autour du 20 avril 2024.

Références :
(1) Articles L313-1 et s, R313-1 et s., L323-1 et s. et R323-1 et s. du Code de la sécurité sociale 
(2) Article L1226-1 et s. et D1226-1 et s. du Code du travail 

(3) Malakoff Humanis
(4) WTW : étude menée sur une période de 4 ans (panel de 633 entreprises, soit 343.775 salariés)
(5) 
Rapport annuel 2022 de l'Assurance Maladie - Risques professionnels, du 20 décembre 2023
(6) Conditions de travail et préventions des risques professionnels dans le travail en sous-traitance : une étude quantitative, août 2022 - Dares
(7) Article L4121-1 du Code du travail
(8) Cass. Soc., 8 février 2023, n°20-23312