Manifestations et barrages des agriculteurs sur les routes de France : le point sur la situation (Paris, Bordeaux...)

Quelles sont les revendications à l'origine de la grève et de la colère des agriculteurs ? 

En novembre dernier, le pouvoir exécutif s'était refusé à signer l’accord de libre-échange avec le Mercosur. Cependant, si le mouvement des agriculteurs était guidé par leur crainte de voir la France céder aux velléités de ses voisins (l'Allemagne et l'Espagne) de traiter avec l'Amérique du Sud, il l'était aussi par la colère, qui n'a pas été apaisée, depuis les actions menées fin 2023 et début 2024.

Rappel : ces actions étaient portées par des revendications liées à :

  • l'explosion du coût de l'énergie, qui impacte leurs charges et leur productivité ;
  • la stratégie de verdissement de l'agriculture européenne, notamment au travers de la question de la réduction progressive de l'utilisation des produits phytosanitaires chimiques ;
  • l'édiction d'un cadre légal et réglementaire de plus en plus exigeant, qui complique et entrave l'exercice de leurs professions ;
  • l’obligation faite par la nouvelle politique agricole commune (PAC) de mettre 4 % des terres en jachère (pour rappel, on parle de "terre en jachère" pour désigner les terres labourables laissées libres de toute récolte, afin qu'elles puissent se reposer) ;
  • etc.

Les engagements du précédent Gouvernement avaient alors été mis à mal par la dissolution de l’Assemblée nationale.

  À lire : Mesures et aides au secteur agricole suite à la mobilisation des agriculteurs en 2025

La situation du mouvement à l'heure actuelle : où en est-on des perturbations en France ?

Les tracteurs rentrent à la ferme."

Arnaud Rousseau, président de la FNSEA

La proposition de loi Duplomb, soutenue par le monde agricole pour alléger certaines contraintes, dont l’usage d’un pesticide interdit depuis 2018, ne sera pas débattue à l’Assemblée nationale.

Jugée trop controversée, une motion de rejet a été votée le 26 mai 2025 après le dépôt de milliers d’amendements. Une commission mixte paritaire composée de députés et sénateurs s'est donc vu charger de proposer un texte qui sera soumis pour approbation au Sénat et à l'Assemblée nationale.

Le président de la FNSEA (Fédération Nationale des Syndicats d'Exploitants Agricoles), Arnaud Rousseau, craignant un piétinement du débat, se satisfait de la situation.

Il a déclaré que la mobilisation des agriculteurs est suspendue. Il a rappelé l'attente énorme du monde agricole quant à ce texte et espère son adoption avant l'été.

 À lire aussi : Plan de résilience agricole : les mesures du Gouvernement

Salarié empêché de venir au travail du fait des blocages routiers : pouvez-vous le sanctionner ? 

Par principe, un salarié en retard au travail ou qui se trouve dans l'impossibilité de se rendre à son travail en raison d'un fait extérieur, imprévisible, et dont il ne peut pas éviter les effets - comme un blocage des routes par les agriculteurs - ne peut pas faire l'objet d'une sanction disciplinaire.

Il ne peut être tenu responsable de l'état du trafic ou des éventuels mouvements de grève.

 Cet article pourrait aussi vous intéresser : Comment réagir en cas de grève dans votre entreprise ?
 Vous êtes salarié ? Grève des transports en commun en France : ai-je le droit de ne pas aller travailler ?

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Avez-vous l'obligation de rémunérer le salarié absent ou pouvez-vous effectuer une retenue sur son salaire ? 

Légalement, non, en tant qu'employeur, vous n'êtes pas légalement tenu de rémunérer votre salarié absent.

Par conséquent, vous êtes autorisé à opérer une retenue sur son salaire, qui doit être strictement proportionnelle à son temps d'absence. 

Attention ! Conventionnellement, vous pouvez y être contraint :  certaines dispositions conventionnelles (conventions collectives, accords, etc.) peuvent prévoir, dans une telle hypothèse, un maintien de salaire. Aussi est-il impératif de les consulter en amont de toute retenue sur salaire. 

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Quelles obligations pour le salarié empêché de se rendre au travail ?

Pour prouver la réalité de sa situation, le salarié qui est en retard ou dans l'impossibilité de se rendre au travail, a néanmoins l'obligation de vous prévenir au plus vite, et d'en justifier - dans la mesure du possible. 

Il doit faire preuve de bonne foi, et avoir réellement tenté, en vain, de venir au travail par tous les moyens mis à sa disposition (voiture, covoiturage, le cas échéant, transports en commun, etc.).

Tous types de preuves du blocage peuvent ainsi être produits par le salarié concerné : attestation des transports en commun normalement utilisés pour le trajet et mis à l'arrêt en raison du mouvement social, photos, articles de presse, etc. 

➡ À lire, sur la question de la preuve : Litige devant le conseil des prud'hommes (CPH) : pouvez-vous utiliser un élément de preuve déloyal ?

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Vous avez une question sur l'absence de vos salariés suite au blocage des agriculteurs ?

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Quelles solutions alternatives face au blocage des transports pour aller travailler ?

Pour sauvegarder la productivité de votre entreprise et faciliter la vie de vos salariés empêchés de venir au travail, vous disposez de divers outils alternatifs, parmi lesquels : 

  • recourir au télétravail (1) ;
  • aménager leurs horaires ;
  • leur faire rattraper leurs heures perdues ;
  • ou convenir avec eux de la pose de jours de congés payés (CP) ou de RTT.

Attention : La récupération des heures perdues ne peut s'imposer au salarié que dans le cas d'une interruption collective de travail (2).

Le blocage routier constitue une impossibilité individuelle pour le salarié de venir travailler. Le rattrapage des heures n'est donc possible que d'un commun accord afin de ne pas faire subir au salarié une perte de salaire en raison de son absence.

➡ Cette actualité devrait vous intéresser : Neige, intempéries : comment gérer les heures non travaillées ?

Références : 

(1) Article L1222-11 du Code du travail 
(2) Article L3122-27 du Code du travail