Quand et comment peut-on licencier une personne pendant son arrêt de travail ? Est-ce qu'un employeur peut licencier un salarié absent ? 4 cas possibles
Vous avez la possibilité de licencier un salarié en arrêt maladie, mais seulement dans certains cas. En effet, lorsque les absences du salarié pour maladie se prolongent ou se répètent, il est possible pour l'employeur de procéder à son licenciement, notamment pour les motifs suivants :
1. Licencier un salarié absent en raison de la perturbation du fonctionnement de l'entreprise
Vous pouvez licencier un salarié pendant son arrêt de travail, lorsque les 3 conditions cumulatives suivantes sont réunies (1) :
- l'absence prolongée ou répétée du salarié perturbe le fonctionnement normal de l'entreprise ;
- il est nécessaire de remplacer définitivement le salarié (le remplacement définitif doit être indispensable) (2) ;
- son absence n'est pas en lien avec un manquement à votre obligation de sécurité (3) (par exemple, absence suite à une situation de harcèlement moral...).
Si vous êtes en mesure d'établir ces 3 conditions, vous pouvez procéder au licenciement du salarié, tout en respectant la procédure de licenciement pour motif personnel.
A noter : Lorsqu'il s'agit d'évaluer le trouble causé au fonctionnement de l'entreprise, le juge tient compte de plusieurs éléments, notamment la dimension de l'entreprise, la période d'absence, ainsi que le poste et le niveau de qualification du salarié.
Pensez à vérifier les dispositions conventionnelles applicables au sein de votre entreprise. Votre convention collective peut en effet prévoir une clause de garantie d'emploi. Dans ce cas-là, le salarié ne peut pas être licencié avant l'expiration d'un certain délai mentionné dans la convention collective.
2. Licenciement suite à l'inaptitude du salarié
Il est possible de licencier un salarié après son arrêt maladie, lorsque celui-ci est déclaré inapte à reprendre son travail par le médecin du travail, et si (4) :
- vous justifiez de votre impossibilité de proposer au salarié un emploi tenant compte de l'avis et des indications émises par le médecin du travail ;
- ou si vous avez proposé un emploi tenant compte de l'avis et des indications émis par le médecin du travail, mais que le salarié l'a refusé.
Un élément important a été apporté par la Jurisprudence récente : un salarié qui a été déclaré inapte à son poste par le médecin du travail, ne peut pas être licencié pour un motif autre que l'inaptitude, même si l'employeur a engagé antérieurement à son encontre une procédure de licenciement pour un autre motif (faute, etc.) (5).
Si vous décidez de licencier le salarié pour inaptitude, veillez à bien respecter la procédure de licenciement pour motif personnel.
3. Licenciement pendant un arrêt de travail en cas de faute du salarié
Votre salarié a commis une faute (grave, lourde...) ?
Sachez que vous pouvez procéder à son licenciement pour faute, dès lors que la faute commise résulte :
- d'un manquement à l'une de ses obligations découlant de son arrêt maladie, notamment en cas d'envoi tardif ou d'absence d'envoi de l'arrêt de travail prescrit par son médecin malgré vos mises en demeure de justifier son absence ;
- d'une faute commise avant que le salarié ne soit en arrêt maladie, notamment un manquement à l'une de ses obligations contractuelles (6).
Dans ce cas-là, vous pouvez appliquer la procédure spécifique de licenciement pour faute (licenciement pour motif disciplinaire).
4. Licenciement pour motif économique autorisé même pendant un arrêt maladie
Votre entreprise rencontre des difficultés économiques et vous envisagez de procéder à des licenciements. Sachez que les salariés en arrêt maladie peuvent également faire l'objet d'une telle procédure. L'employeur doit alors appliquer la procédure de licenciement pour motif économique, comme pour n'importe quel autre salarié.
Quelles indemnités devez-vous verser au salarié en cas de licenciement et comment les calculer ?
Que vous procédiez au licenciement du salarié malade parce qu'il perturbe le fonctionnement de votre entreprise, parce qu'il a commis une faute ou en raison d'un motif économique, vous devez lui verser :
- une indemnité légale ou conventionnelle de licenciement (7) : vous devez verser l'indemnité qui est la plus favorable pour le salarié ;
- une indemnité compensatrice de congés payés (8) si le salarié n'a pas soldé tous ces congés à la date de son licenciement ;
- une indemnité compensatrice de préavis (9).
Si vous licenciez le salarié malade en raison de son inaptitude, les choses sont quelque peu différentes.
En effet, il faut distinguer selon qu'il s'agit d'une inaptitude d'origine professionnelle ou non :
- en cas d'inaptitude non professionnelle (10) : vous devez verser une indemnité de licenciement et une indemnité compensatrice de congés payés ;
- en cas d'inaptitude professionnelle (11) : vous devez verser une indemnité spéciale de licenciement dont le montant est égal au double de l'indemnité de licenciement, ainsi qu'une indemnité de congés payés et une indemnité d'un montant égal au montant de l'indemnité compensatrice de préavis.
À retenir : Là encore, pour être certain de verser le bon montant, vérifiez dans votre convention collective si le montant de l'indemnité conventionnelle de licenciement est plus favorable que le montant de l'indemnité légale. |
Que risquez-vous si vous licenciez un salarié malade sans y être autorisé ?
En dehors des 4 cas évoqués précédemment, vous n'avez pas la possibilité de licencier un salarié en arrêt maladie. En effet, aucun salarié ne peut être licencié en raison de son état de santé.
Si vous licenciez un salarié en raison de son état de santé, sachez que son licenciement sera considéré comme discriminatoire et produira donc les effets d'un licenciement nul (12).
Concrètement, le salarié licencié à tort par son employeur, pourra demander sa réintégration dans l'entreprise. Dans ce cas, vous devrez lui verser les salaires dont il a été privé au cours de la période qui s'est écoulée entre son licenciement et sa réintégration.
S'il ne souhaite pas être réintégré dans l'entreprise, vous devrez lui verser une indemnité dont le montant ne peut être inférieur aux 6 derniers mois de salaire (13). Mais cette indemnité n'étant pas plafonnée, le montant pourra être plus élevé !
Références :
- (1) Cass. Soc., 16 juillet 1998, n°97-43484
- (2) Cass. Soc., 26 septembre 2007, n°06-43029
- (3) Cass. Soc., 13 mars 2013, n°11-22082
- (4) Article L1226-2-1 du Code du travail
- (5) Cass. Soc., 8 février 2023, n°21-16258
- (6) Cass. Soc., 27 février 2013, n°11-27130
- (7) Article R1234-2 du Code du travail
- (8) Article L3141-28 du Code du travail
- (9) Article L1234-5 du Code du travail
- (10) Article L1226-4 du Code du travail
- (11) Article L1226-14 du Code du travail
- (12) Article L1132-1 du Code du travail
- (13) Article L1235-3-1 du Code du travail
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