A quels défis de recrutement sont confrontées les entreprises ?

Les entreprises sont confrontées à des défis croissants lorsqu'il s'agit d'embaucher des cadres qualifiés pour des postes à responsabilités et des besoins spécifiques, malgré une augmentation continue des offres d'emploi dans ce domaine. Cette situation met en évidence la pénurie de profils dans certains métiers, ce qui rend le recrutement de cadres de plus en plus difficile dans un marché de l'emploi cadre concurrentiel.

Les entreprises face à une pénurie de candidatures

La pénurie de candidatures constitue l'un des principaux obstacles auxquels les entreprises sont confrontées lorsqu'elles cherchent à recruter des cadres qualifiés. Quelques chiffres à retenir : 

  • 64 % des entreprises (sur les 1.150 entreprises interrogées) considèrent qu’une partie au moins de leurs recrutements de cadres a été difficile en 2022 contre 48 % en 2019 ;
  • 26 % des entreprises ayant tenté de recruter ont dû abandonner au moins une embauche de cadre, un chiffre qui reste stable par rapport à l'année 2021 ;
  • les délais de recrutement se sont, eux, allongés, avec une durée moyenne de 12 semaines en 2022, contre 11 semaines en 2021.

Une pénurie de profils qualifiés

D'autre part, selon l'étude menée par l'Apec, la pénurie de profils qualifiés continue de créer des obstacles importants. 

  • 76 % des entreprises rencontrent des difficultés en raison de l'insuffisance de candidatures ;
  • 62 % des entreprises font face à un décalage entre les candidatures reçues et leurs besoins ;
  • les PME sont particulièrement touchées par la pénurie de candidats ;
  • les tensions de concurrence entre employeurs pour certains profils sont plus fréquentes, en particulier dans les grandes entreprises et le secteur des activités informatiques.

Vers un rapport de force inversé : les cadres exercent une influence dans les négociations d'emploi

Le rapport de force entre les entreprises et les candidats s'est rééquilibré en faveur de ces derniers. 

  • les préoccupations salariales des candidats ont augmenté (48 %) et peuvent poser des difficultés lors des négociations ;
  • le désistement des candidats qui avaient été retenus pour un poste est également en hausse (34 %).

Les prétentions salariales des candidats constituent donc un facteur essentiel à prendre en compte dans le processus de recrutement des cadres, car elles peuvent influencer les décisions finales et impacter la compétitivité des offres proposées par les entreprises.

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Quelles mesures ont été adoptées par les entreprises afin de faire face à ces défis ?

Alors que la concurrence sur le marché de l'emploi des cadres s'intensifie, les entreprises adoptent des stratégies de recherche de talents de plus en plus offensives pour attirer les meilleurs candidats. Cette tendance affecte particulièrement les petites et moyennes entreprises (PME), qui prennent des mesures proactives pour surmonter la crise de l'embauche.

Evolution des méthodes de recrutement : multidiffusion des offres d'emploi et recours aux chasseurs de tête

Le processus de recrutement évolue afin de faire face aux défis actuels liés aux recrutements de cadres, aux postes à responsabilité et aux métiers porteurs. Une des principales stratégies adoptées par les entreprises est l'utilisation des réseaux sociaux comme canal de recrutement.

Selon l'Apec, en 2022, 73 % des entreprises ont recours aux réseaux sociaux (+4 points par rapport à 2019). Les réseaux sociaux deviennent ainsi le deuxième canal de recrutement de cadres le plus utilisé, quelle que soit la taille de l'entreprise. 

Les entreprises continuent de privilégier la multidiffusion de leurs offres d'emploi sur tous les canaux à leur disposition, renforçant leur diffusion sur les sites de recrutement en ligne et sur les réseaux sociaux. 

Le recours à un intermédiaire de recrutement (chasseurs de tête) a également nettement augmenté. En 2022, 48 % des entreprises ont fait appel à des intermédiaires (42 % en 2019). Cette hausse concerne toutes les tailles d'entreprises. 

En revanche, les candidatures spontanées ont été délaissées (61 %), avec une diminution de 7 points par rapport à l'année précédente.

Évolution du processus de sélection : entretiens en visioconférence et abandon de la lettre de motivation 

Face à des volumes de recrutement sans précédent et à des difficultés croissantes pour les surmonter, les entreprises continuent d'adapter leurs processus de recrutement. Elles cherchent à les simplifier et à les ajuster en fonction du profil des candidats afin de limiter les pertes en cours de route. 

  • diminution de l'importance de la lettre de motivation : bien que la majorité des entreprises demandent encore une lettre de motivation aux candidats (56 %), cette exigence est de moins en moins répandue par rapport au passé (67 % en 2021). Les grandes entreprises, qui la demandaient auparavant de manière quasi systématique, ont connu une baisse significative (-18 points). Cette tendance concerne tous les secteurs d'activité et toutes les offres d'emploi. Les entreprises cherchent à simplifier le processus de recrutement et à se concentrer davantage sur d'autres critères d'évaluation des candidats ;
  • essor des entretiens en visioconférence : le recours à la visioconférence pour les entretiens d'embauche, qui s'est développé pendant la crise sanitaire, continue de gagner en popularité (46 % en 2022 contre 35 % en 2020). Cette pratique est plus répandue dans les grandes entreprises que dans les PME.

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Comment les entreprises se sont adaptées dans la sélection du candidat ?

Pour faire aboutir leurs recrutements, les entreprises ont consenti à des ajustements, démontrant leur volonté d'optimiser la durée du processus de recrutement et de s'adapter aux difficultés prégnantes.

  • ajustements financiers : en 2022, 62 % des entreprises affirment avoir revu à la hausse la rémunération des cadres (55 % en 2021). Les grandes entreprises ont été plus nombreuses à utiliser cette pratique (76 %), bénéficiant de marges de manœuvre plus importantes.
  • ajustements sur le profil du candidat : près de huit entreprises sur dix ont consenti à des ajustements portant sur le profil du candidat finalement retenu. Il s'agit principalement de recruter des cadres ayant moins de compétences techniques (51 %, +4 pts) ou moins d'expérience (50 %, +4 pts) que ce qui était initialement souhaité. En revanche, moins d'entreprises ont recruté des cadres ayant plus d'expérience que prévu (43 %, stabilité par rapport à 2021).

Bien que les entreprises se montrent disposées à recruter des cadres n'ayant pas le niveau d'expérience souhaité, elles sont plus réticentes à embaucher des cadres n'ayant pas le diplôme demandé. Seules 31 % des entreprises ont consenti à cet ajustement en 2022 (vs 30 % en 2021).

  • ajustements sur les conditions de travail : ils sont moins fréquents mais significatifs. Environ 4 entreprises sur 10 seraient disposées à accepter que le candidat travaille à temps partiel ou bénéficie d'avantages supplémentaires (voiture de fonction, forfait téléphonique). Cependant, les entreprises sont moins enclines à accorder plus de jours de télétravail que prévu (30 %) et rejettent largement l'idée de raccourcir voire de supprimer la période d'essai (18 %).

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Ces ajustements démontrent que, dans un contexte de forte tension sur le marché de l'emploi cadre, les entreprises vont au-delà du simple processus de recrutement pour faire aboutir leurs embauches. Elles sont prêtes à effectuer des ajustements importants quant au poste proposé, afin de répondre aux difficultés croissantes de recrutement.

Pour aller plus loin, lisez notre article sur les étapes clés d'une procédure de recrutement efficace

 

Source : étude Apec sur les pratiques de recrutement des cadres 2023