Un époux peut-il obtenir le versement d'une prestation compensatoire dans le cadre de sa procédure de divorce s'il a bénéficié de la jouissance gratuite du domicile conjugal durant toute la procédure de divorce au titre du devoir de secours ?

Il résulte de l'article 270 du code civil que l'un des époux peut être tenu de verser à l'autre une prestation destinée à compenser, autant qu'il est possible, la disparité que la rupture du mariage crée dans leurs conditions de vie respectives, il s’agit de la prestation compensatoire.

Selon l'article 271 du même code, la prestation compensatoire est fixée selon les besoins de l'époux à qui elle est versée et les ressources de l'autre, en tenant compte de la situation au moment du divorce et de l'évolution de celle-ci dans un avenir prévisible.

Par un arrêt rendu le 13 avril 2022, la cour de cassation qui était saisie d’une procédure de divorce dans laquelle le tribunal de grande instance de Paris avait accordé la jouissance gratuite de l'ancien domicile conjugal à l’épouse par l'ordonnance de non-conciliation du juge aux affaires familiales, a retenu que l'avantage constitué par la jouissance gratuite du domicile conjugal accordée à un époux au titre du devoir de secours pendant la durée de l'instance en divorce ne peut être pris en compte pour apprécier l'existence d'une disparité créée par le divorce dans les conditions de vie respectives des époux.

En conséquence, la cour d'appel qui avait pris en considération l'avantage constitué par la jouissance gratuite du domicile conjugal pour apprécier l'existence d'une disparité créée par le divorce dans les conditions de vie respectives des époux, a violé les articles 270 et 271 du code civil.

L’épouse peut donc obtenir le versement d’une prestation compensatoire alors qu’elle a bénéficié, durant toute la procédure de divorce, du logement familial à titre gratuit au titre du devoir de secours.

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Cass. 1re civ., 13 avr. 2022, n° 20-22.807